“Mama Africa” est l'intitulé d'une exposition de l'artiste peintre Zaphira Yacef Saâdi, qui se tient au Musée national des antiquités et qui se poursuivra jusqu'au 11 septembre prochain. Inaugurée samedi dernier par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, l'exposition qui comporte 37 tableaux, appartenant au style abstrait et semi-figuratif, met en exergue le vécu des Africains. Par “Mama Africa”, l'artiste Zaphira Yacef Saâdi tend vers un symbolisme dominé de signes et symboles d'origine algérienne et africaine. À travers son travail, elle rend hommage à sa manière – et d'une belle manière – à l'illustre artiste sud-africaine, Myriam Makéba, disparu vers la fin de l'année 2008, et qui a toujours chanté les valeurs du panafricanisme. Zaphira Yacef Saâdi rend également hommage au continent africain avec ses peines, ses souffrances, ses espoirs, ses ambitions, ses rêves, ses beautés, ses aspirations à la modernité et toutes les épreuves qu'il a traversées. Les peintures à l'huile sur canevas de Zaphira, qui a choisi l'Afrique pour s'exprimer, sont d'une grande beauté et tendent à décrire par le pinceau toutes les épreuves pénibles de la mère Afrique, notamment les guerres, la famine, l'oppression ou encore l'esclavage. Un film de sept minutes dont les images se déclinent sur des extraits de chansons africaines a également été réalisé par l'artiste elle-même et ce, dans le but d'enrichir cette exposition. Dans son film, Zaphira raconte telle une conteuse de temps lointains, les moments forts de cette Afrique frappée par tant de malheurs : de la famine qui s'est abattue sur l'Ethiopie, aux massacres commis par le régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Le documentaire parle aussi de générosité des hommes et des femmes africains et de leur solidarité même dans les moments les plus durs. Le paradoxe du continent qui repose sur sa richesse immatérielle et culturelle, et la pauvreté, voire la précarité de ses populations, a également été au centre des préoccupations de Zaphira Yacef Saâdi. Un des tableaux intitulé “Racine”, raconte le paradoxe que connaît l'Afrique, ce continent qu'aujourd'hui est à des années-lumière de la civilisation, et qui pourtant a été hier le berceau de l'humanité. Ce même continent que ses enfants fuient de nos jours, était le centre de grandes découvertes et de création. Dans ce tableau l'artiste illustre les raisons qui font que l'Afrique se débat encore dans ses problèmes et ses paradoxes. “Continent des richesses” est une autre toile où une autre image est donnée de l'Afrique : le tableau parle d'un continent riche et d'une terre fertile. Il exprime aussi la dilapidation des biens du continent par ses dirigeants pour leurs propres intérêts. “Famine” s'inscrit dans la continuité du précédant. Par cette illustration, l'artiste dénonce la perte de vies humaines au Zimbabwe à cause de la famine. La question de la famine s'accentue avec la crise économique que connaît le pays. “L'exposition est un voyage guidé par le regard de Zaphira Yacef, c'est comme une poésie écrite par la peinture”, a attesté Mme Toumi. À une question sur le bilan de la première semaine du Panaf, la ministre a déclaré : “Je suis trop dedans, mais lorsque je vois les Algériens sortir matin et soir, c'est une satisfaction.” Pour sa part Mme Zaphira Yacef Saâdi a souligné que “cette exposition est cri qui sort de mon cœur, car malgré les richesses qu'elle recèle, l'Afrique reste le plus pauvre des continents”, ajoutant cependant que les “Africains œuvrent pour un futur meilleur”. DJAZIA SAFTA