Ksentina Lakdima, ou l'ancienne Constantine, était implantée à Tiddis, relevant de la commune de Béni H'midène, à 35 km au nord-ouest de la ville des Ponts. Construite en forteresse sur 42 ha, c'est également la stratégique et antique Castellum Tidditanorum romaine. Site archéologique aux trésors inestimables, Tiddis est aujourd'hui superbement ignorée. Pourtant, une bonne partie de la collection de pièces anciennes se trouvant au musée Cirta provient de ce site convoité et apprécié à sa juste valeur par des étrangers. Dans son état actuel, non aménagée et dépourvue de structures d'accueil, la ville aux vestiges demeure quand même la destination de prédilection de maintes délégations touristiques. A titre indicatif, Tiddis a accueilli plus de 9 000 visiteurs en 2007, d'après les statistiques établies par l'association du même nom, fondée en 2004. Cette dernière ne cessera pas d'attirer l'attention des autorités, à l'instar du chef de daïra de Zighoud Youcef, sur la dégradation rampante des lieux, des actes de vandalisme, des monuments saccagés- durant la décennie noire- des fouilles sauvages… en vain. L'association, qui avait préparé un dossier bien ficelé, fera appel au wali, à son investiture, en 2005. Celui-ci, pour rappel, se déplacera sur le site le 9 janvier 2007, et décidera de débloquer 25 MDA (millions) pour la réhabilitation des lieux, dont 5 MDA devant servir à l'étude de l'assainissement et l'aménagement. Il était prévu, entre autres, de revaloriser la petite mechta de Sefsafa, précédent Tiddis de à 3 km, d'en faire une première halte pour les touristes et de construire un village modèle comprenant des infrastructures et autres commodités touristiques. « C'est une région qui n'a pas encore livré tous ses trésors, sans parler des fermes romaines disséminées dans les douars », assure M. Mechati, le président de l'association Tiddis. « C'est à l'archéologue André Berthier que nous devons ce site ; il y avait effectué des fouilles en 1941, jusqu'à son départ dans les années 1970 ; il avait travaillé patiemment et avec peu de moyens », ajoute-t-il. Selon M. Mechati, c'est un véritable pôle touristique qui demeure inexploité, alors qu'il pourrait être « une formidable source de rendements ». Nous avons, à plusieurs reprises, tenté de prendre attache avec le directeur de la culture afin d'obtenir plus d'éclaircissements à ce sujet, mais celui-ci invoquera d'autres préoccupations. Contacté par téléphone, et à notre insistance, il dira que la procédure concernant les marchés avec les appels d'offres était en cours. A notre question de savoir ce qu'était devenue l'enveloppe de 25 MDA débloquée par le wali, il sera très évasif, disant que l'étude de faisabilité y était comprise. Il refusera de donner plus de détails. A ce jour, le site n'est pas délimité, l'AEP et l'éclairage sont inexistants, alors qu'on projette d'y construire un musée et un théâtre en plein air. D'autre part, l'on saura que le gardiennage du lieu est assuré uniquement durant la journée, la nuit, celui-ci est à l'abandon. A quand l'intérêt pour Tiddis ?