A la faveur d'une visite effectuée par le wali de Constantine le 9 janvier dernier, le site archéologique de Tiddis est sorti d'un anonymat qui l'aura frappé durant des décennies. Un résultat qui couronne aussi les démarches d'une jeune association, portant le même nom et qui active depuis 2004 dans la commune de Beni H'midène, distante de 35 km au nord-ouest de la ville de Constantine. « Nous avons attiré l'attention du wali de Constantine sur l'état du site de Tiddis lors d'une première rencontre au mois d'octobre 2005 à Zighoud Youcef avant de lui remettre un dossier pour sa réhabilitation », affirme Mechati Mehira, président de l'association Tiddis. Pour l'histoire, l'exhumation en 1941 de l'antique Castellum Tidditanorum a été qualifiée à l'époque comme un grand événement archéologique intéressant la région de Constantine, réalisé grâce aux efforts d'un certain André Berthier, celui qui avait assuré la direction du musée national Cirta de Constantine jusqu'en 1970, année où il quittera l'Algérie pour la France. Depuis, le site qui fut une région à vocation agricole se trouvant à une vingtaine de kilomètre de Constantine et seulement à 7 km de la RN 27 menant vers la wilaya de Jijel, a été complètement oublié. Pourtant, les innombrables pièces archéologiques trouvées constituent une bonne partie de la collection du musée Cirta. « C'est dans ce sens que nous avons sollicité les autorités de la wilaya pour une réhabilitation des lieux exposés aux destructions et à des opérations de fouilles sauvages durant la période noire du terrorisme et même aujourd'hui, surtout que le site n'est toujours pas protégé », ajoute Mechati Mehira qui précise qu'à Tiddis, appelée autrefois Ksentina El Kdima, les ruines s'étendent sur une superficie de 42 ha. D'où le souci affiché par l'association pour opérer une délimitation de l'espace archéologique avant d'entamer toute réhabilitation. « Cette délimitation permettra de cerner l'espace à protéger car certains intrus se sont appropriés des terrains aux dépens du site », notera note interlocuteur. Le site de Tiddis, qui n'a pas fait l'objet d'études sérieuses de la part des services archéologiques, intéresse de nombreux étrangers venus d'Europe, d'Amérique et même d'Australie pour prospecter un lieu aux atouts historiques et touristiques inestimables. La dernière visite effectuée en 2005 a été celle du professeur Walter, spécialiste de l'histoire antique de l'Afrique du Nord à l'université de Chicago et qui a montré une vive passion pour le site auquel il a consacré un séjour en compagnie de son épouse. La décision du wali de débloquer le montant de 2,5 milliards de centimes, dont 500 millions de centimes seront consacrés à l'étude de l'assainissement et de l'aménagement, sera marquée surtout par la réalisation d'un musée et d'un théâtre en plein air. Ces projets, qui dépendront des résultats de délimitation du site qui recèle encore d'autres vestiges archéologiques, sachant que la région regorge de fermes romaines dispersées sur les douars, seront accompagnés par des travaux de réhabilitation des réseaux d'eau potable, avec l'élargissement du CW10 qui relie la RN 27 à Tiddis. Le souhait de l'association Tiddis demeure la mise en valeur de la petite mechta de Sefsafa qui sera la vitrine et la première halte des touristes sur la route de Tiddis. La construction d'un village modèle avec toutes les commodités permettra surtout de protéger le site archéologique, désenclaver la région et réunir les conditions pour la création d'une zone d'expansion touristique dans la commune de Beni H'midène qui a longtemps souffert de la marginalisation.