Deux nouvelles chaînes de télévision seront mises en service à titre expérimental à partir de demain, a annoncé un communiqué de l'Etablissement public de télévision (EPTV). Il s'agit de la chaîne IV d'expression tamazight et de la chaîne V qui sera dédiée au Saint Coran. La chaîne IV, qui diffusera ses programmes en langue tamazight dans ses déclinaisons kabyle, chaouie, targuie, chenoui et mozabite, émettra six heures par jour de 17h à 23h. La chaîne V, consacrée au Saint Coran et au savoir et à la connaissance, émettra huit heures par jour de 16h à minuit. La nouvelle chaîne permettra de combler un large vide en termes de programmation religieuse qui avait amené de nombreux Algériens à regarder les chaînes de télévision religieuse du Golfe. Sa mission est de « préserver l'autorité religieuse de l'Etat, telle qu'elle est représentée dans le rite malékite, qui est maintenant menacée par la montée de la pensée salafiste », a expliqué lors d'une récente déclaration Bouabdellah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. Le discours religieux de la station sera centré sur la mise en avant des valeurs de tolérance et de pacifisme et sur le renoncement aux idées destructrices. TV tamazight doit répondre d'abord à une aspiration populaire et à une exigence constitutionnelle formulée à propos de la promotion de l'amazighité au même titre que l'arabité en tant que composante de l'identité nationale. Ces deux chaînes viennent enrichir un secteur largement concurrencé par les chaînes étrangères. En fait, la télévision publique cherche à valoriser son identité et sa légitimité au sein d'un paysage audiovisuel traversé par de profondes mutations technologiques et stratégiques. Sur les 520 chaînes satellitaires, publiques ou privées, recensées par l'ASBU (Arab States Broadcasting Union, septembre 2008) qui composent le paysage audiovisuel arabe, les trois quarts sont des chaînes thématiques (390), dont 20% sont consacrées à la musique et aux variétés, 10% au cinéma, séries, feuilletons, 10% au sport et enfin 23% sont éducatives et culturelles, 21% s'adressent aux enfants, et 11% sont interactives. 70% d'entre elles diffusent exclusivement leurs programmes en langue arabe. C'est dire toute la concurrence à laquelle est soumise la télévision algérienne. En Algérie, l'audiovisuel est monopole d'Etat. Indifférent à l'effervescence générale, le gouvernement refuse pour l'instant la création de chaînes privées. Ces deux nouvelles chaînes qui viennent s'ajouter à la chaîne terrestre, à Canal Algérie et la A3, constituent dans cette optique les premiers jalons de toute une série d'autres programmes dont la maturation est en cours.