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Léo Frobenius, le prisme du génie populaire
Publié dans El Watan le 02 - 03 - 2006

Les quatre volumes de Contes kabyles recueillis par l'anthropologue allemand, Léo Frobenius, (1873-1938), dans les années 1913-1914, nous invitent à considérer la question sous un autre prisme, celui du génie populaire collectif dans la région de Kabylie. Chercheur infatigable ayant à son actif douze missions scientifiques en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest, Frobenius a compris, dès le départ, la nécessité d'aller directement à la source, là où l'eau est cristalline et beaucoup plus limpide qu'ailleurs.
Cet ensemble de contes a fait le passage direct du kabyle à la langue allemande. Frobenius était surtout préoccupé par «l'art de construire des récits chez les Kabyles», d'où ce travail sur le terrain qui en dit long sur une culture populaire ancestrale. Agissant en anthropologue plutôt qu'en homme de lettres, il n'a donc pas songé à recueillir ces contes dans leur langue d'origine qui, selon l'expression de Balzac, (1799-1850), «permet de donner une sorte de saveur aux gestes et aux idées ordinaires». Des miettes de l'original subsistent encore chez quelques vieux dépositaires de ce legs ancestral. La nuit se voulait alors propice au travail de l'imagination. C'est la même vision du monde qui pointait, çà et là, si commune d'un village à un autre, et qui avait pignon sur les choses de la vie. Oui, on se mettait à vivre pour de vrai en plein cœur de la nuit, et le conte était une espèce d'extension inévitable pour donner davantage de consistance à l'étant kabyle.
Et, bien que d'esprit essentiellement méditerranéen, le Conte kabyle, à en juger par les 142 textes contenus dans cette belle compilation, tranche par son originalité. La Grèce et ses mythes sur la création du monde, la Mésopotamie et ses récits fantastiques sur le déluge trouvent des échos dans les Contes kabyles, cependant, ces derniers se démarquent par un côté poétique pour le moins surprenant. Lecteur d'aujourd'hui, en relation directe avec le côté tactile du livre, comme récepteur d'antan magnétisé par le verbe savoureux font, l'un et l'autre, un merveilleux voyage dans des contrées fabuleuses : les premières larmes et les taches sur la lune, le monde féerique de la gent féminine, la vie dans l'œuf, Avava inuva et tant d'autres «fabulations» et «l'acte qui les fait surgir», pour reprendre le philosophe Henri Bergson, (1859-1941). L'arbre du coin est celui du terroir, mais, doté d'une personnalité morale, et il en est ainsi pour les autres éléments de la vie d'un village kabyle donné. Dans les petits commentaires qui parsèment les différents contes, Frobenius, tout anthropologue qu'il fut, ne s'étale pas sur la personnalité de la femme kabyle. Celle-ci, entourée de ses enfants à la tombée de la nuit, se met à l'écoute du monde tout en leur livrant les secrets de l'existence. Et bien qu'elle se voyait alors dotée d'un grand pouvoir, celui d'enfanter le langage, c'est-à-dire, le monde, elle était parfois interdite de faire usage de ce même langage.
La tradition kabyle, selon Frobenius qui ne donne aucune justification en la matière, la privait d'assister à certaines séances narratives où la parole devenait, comme par enchantement, l'apanage des hommes. En effet, certains contes traitant de questions métaphysiques, selon le témoignage de ce même anthropologue, ne devaient pas être racontés au-delà de quatre nuits.
Si le besoin se faisait pressant, la narration devait alors se poursuivre à l'extérieur de la maison et sans la présence de femmes. A la première nuit, il fallait sacrifier un coq et à la quatrième un agneau ! En somme, c'est tout un monde symbolique à «déconstruire» au sens philosophique Derridien pour mieux saisir, à la fois, le génie créateur de la société kabyle et l'apport de celle-ci à toute l'Afrique du Nord.
Mokrane Fetta, ce traducteur à qui il faut rendre un vibrant hommage pour son travail précis et poétique, nous résume indirectement, dans sa toute petite note d'introduction, le statut de la femme kabyle.
Il dit quelque part que sa mère aurait voulu qu'il soit une fille plutôt qu'un garçon, car la charge de perpétuer la tradition narrative était confiée au «sexe faible». Il dit aussi avoir écouté longuement sa mère broder ses récits et ses chants «dans une langue kabyle savoureuse, encore exempte des pollutions du langage médiatique actuel. Leur musique est restée à jamais gravée dans ma mémoire».


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