Suite à l'article inconsidéré intitulé «Le grand pardon» paru dans le journal El Watan le 16 mars 2006, les enfants de Krim Belkacem tiennent à apporter un démenti manifeste portant sur l'intégralité de son contenu. A cet effet, nous tenons à préciser que la rencontre des familles Krim Belkacem et Abane Ramdane, dont les cœurs ont toujours été proches, s'est déroulée dans une ambiance chaleureuse, dans une joie spontanée et grandissante au fil de la soirée, où il n'a jamais été question d'un quelconque pardon. Pourquoi parler de réconciliation, de pardon et de solder des comptes du passé, quand il n'en existe pas, quand il n'y a jamais eu de conflit, ni de griefs entre les Abane et les Krim, et ce, ni dans le passé ni dans le présent ? Aussi, c'est autour d'une chorba conviviale (et non d'un couscous) et en réitérant le parcours combattant et glorieux de nos pères, que nous avons célébré cette rencontre. N'en déplaise à certains figurants de l'histoire, désireux à tout prix de souiller les personnages charismatiques et emblématiques de Krim Belkacem et Abane Ramdane, qui demeureront à jamais les figures de proue de la révolution algérienne, nous, enfants de Krim Belkacem, resterons le cœur léger et la conscience libre, détenteurs de la vérité, la vraie, et ne serons pas leurs otages. Le titre de légendaire révolutionnaire que nul n'est en mesure de lui contester, aujourd'hui Krim Belkacem l'a arraché, tout d'abord au maquis dès 1947, puis sur le plan politique en réussissant à faire adhérer la communauté internationale à la cause algérienne avant d'affronter la France de Charles de Gaulle à la table des négociations. C'est ainsi que le 18 mars à Evian, Krim Belkacem apposa sa signature au bas de la 93e page du document des accords pour l'indépendance de l'Algérie aux côtés de 3 signatures françaises : le 19 mars 1962 à 12h00, le cessez-le-feu était entré en vigueur. Krim Belkacem était et restera un grand homme, un des piliers de la révolution algérienne, un héros d'avant et d'après-guerre, tant par ses idées que par son combat, méprisant la trahison, le vil complot et le compromis pernicieux : Krim Belkacem d'argaz, ulac sin a m netça. Il était homme à affronter son adversaire et Abane Ramdane n'était pas son adversaire. Krim Belkacem n'a jamais été l'auteur ni le commanditaire du forfait. Allez chercher ailleurs ! … et la famille Abane Suite à l'article intitulé «Le grand pardon» paru dans le journal El Watan le 16 mars 2006, nous membres de la famille Abane tenons à apporter un témoignage sur les circonstances de la rencontre famille Abane et famille Krim. La rencontre s'est déroulée dans un climat très chaleureux sans aucune animosité et il n'a jamais été question du mot ou du concept «pardon». Pourquoi alors parler de réconciliation ou de pardon ? La famille Abane n'est pas habilitée à le recevoir : cette rencontre, organisée par Mohamed Maïz, n'avait, selon lui, qu'un seul but, celui de faire connaître les proches parents de ces deux grandes familles. Quelle fut notre surprise lorsque ce dernier nous a informés que la presse était conviée ! Dans quel but ? La famille Abane affirme que l'architecte de la révolution ne lui appartient pas, donc si pardon il doit y avoir, c'est au peuple algérien, une fois éclairé sur les circonstances exactes de son assassinat, qui jugera s'il faut pardonner ou pas. La vérité est entre les mains de ses détenteurs. Oserions-nous un jour espérer qu'ils soulagent leur conscience ? L'histoire prouve qu'elle triomphe toujours. Quant au titre grotesque «Le grand pardon», sachez messieurs qui l'auront choisi, qu'il est encore prématuré pour parler de pardon ou de clore cet épisode, ô combien douloureux, de notre histoire et que nul ne peut condamner sans preuve, donc nul ne peut donner de clémence sans condamnation. Les assassins de Abane n'ont jamais été jugés par le peuple algérien, donc le peuple ne peut pas leur pardonner. Notre famille a un devoir de mémoire, qui ne lui est pas exclusif, car cette mémoire appartient à tous les fils de cette nation. Nous tenons à préciser que la présence de la presse fut pour nous comme un traquenard, mais notre éducation ne nous a pas permis de quitter les lieux sur-le-champ, et puis nous n'avions rien à nous reprocher. A ce titre, nous ne nous laisserons jamais manipuler ni par tel courant ni par un autre, la médiatisation d'un dîner convivial à qui profite-t-elle.