A qui la faute ? Peut-on prétendre que les bouleversements climatiques sont seuls en cause ? Le second rapport des Nations unies sur les ressources hydriques met en exergue la mauvaise gouvernance et l'absence de gestion cohérente pour préserver cette richesse. Science et Vie dans son numéro de février 2006 rapporte les ambiguïté du climat, les difficultés à le prévoir même si quelques pronostics peuvent être établis «il semble s'accorder sur le fait que les tendances actuelles sont amplifiées : les zones arides s'assècheront, notamment le bassin méditerranéen, tandis que les régions bien arrosées recevront davantage d'eau, voire des pluies plus intenses. Et comme par hasard, l'Inde a aussi battu des records de pluviométrie cette année, tandis qu'une sécheresse dévastatrice a touché la corne de l'Afrique», souligne le mensuel. Le climat a changé et le bassin méditerranéen devrait souffrir encore davantage du réchauffement climatique. Premier facteur de développement L'eau va s'amenuiser. Quelle est la politique internationale ? Quelle est la stratégie nationale pour garantir au citoyen qu'il n'aura pas à souffrir d'un manque de ce liquide précieux ? Car, il ne s'agit pas, comme le soulignent de nombreux experts durant cette semaine du forum international sur l'eau à Mexico, de garantir aux gens d'étancher leur soif. La situation est d'autant plus dramatique que préserver l'eau consiste à combattre des fléaux tels que le paludisme, le choléra, les hépatites, les parasitoses. Ces mêmes fléaux étant parfois la conséquence ou les prétextes à d'autres fléaux tels que la faim et la malnutrition, les guerres civiles… L'eau, plus que le pétrole ou le gaz, pérennise la survie de la planète et ses écosystèmes. «L'eau est le premier facteur de développement», résume Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau et initiateur du forum mondial de l'eau qui se tient tous les trois ans. Le thème principal de cette nouvelle rencontre : «Des actions locales pour un défi mondial». Les actions locales sont de différents ordres en Algérie mais n'arrivent cependant pas pleinement à satisfaire la demande croissante. Accompagnée d'une offre désespérément plus décroissante. «L'Algérie est l'un de ces nombreux pays africains sur laquelle l'université Johns Hopkins affirme que la quantité annuelle d'eau par personne y sera inférieure à 1000 m3 en 2025.» Et dire que les pays sont qualifiés d'hydrosensibles dès lors que le chiffre tombe en dessous de la barre des 1700 m3 par personne. Pour s'éviter cette hydrosensibilité, les autorités ont travaillé et continuent d'entrevoir la possibilité d'augmenter leur «parc» eau par la construction prochaine d'une cinquantaine de barrages et du même nombre d'usines de dessalement d'eau de mer. L'objectif arrêté par le ministère des Ressources halieutiques : collecter 12 milliards de mètres cubes d'eau chaque année. Il est actuellement d'environ 5 milliards. Hormis les problèmes liés au manque d'infrastructures pour la collecte de l'eau, les problèmes liés à la distribution et au traitement des eaux usées fait cruellement défaut. Prévenir le gaspillage, réparer les conduites d'eau nécessite des moyens faramineux. Le ministre du secteur, Abdelmalek Sellal, affirmait l'année dernière en marge d'une rencontre à Médéa qu'ils étaient «actuellement confrontés à un véritable problème de gestion et de management des systèmes de distribution d'eau, d'assainissement et de tous les systèmes hydrauliques». La modernisation du secteur nécessite, selon les propos du ministre, une enveloppe de 30 millions d'euros.