Le maire destitué d'Antananarivo, Andry Rajoelina a été officiellement investi, hier, président de transition à Madagascar, après avoir prêté serment lors d'une cérémonie dans la capitale malgache. Au cours de la cérémonie de prestation de serment qui s'est déroulée dans le stade municipal d'Antananarivo, M. Rajoelina a été installé président de la Haute autorité de transition (HAT) après la démission forcée du président Marc Ravalomanana. « Devant tout le peuple malgache et devant Dieu, je jure que je ferai de mon mieux pour faire le bien du peuple et je jure que je vais respecter les lois en vigueur à Madagascar », a dit M. Rajoelina, devant le président de la Haute Cour constitutionnelle (HCC). Andry Rajoelina, 34 ans, qui s'était déjà proclamé « président » de transition avait annoncé la tenue d'une élection présidentielle anticipée « d'ici 24 mois » après la démission, mardi dernier, du président Marc Ravalomanana. La démission du président Ravalomanana est intervenue à l'issue de quatre mois de bras de fer avec l'opposition dirigée par M. Rajoelina, ancien maire d'Antananarivo, destitué en février par le gouvernement. Aucun membre du corps diplomatique n'était visible dans la tribune officielle. Depuis deux jours, les condamnations pleuvent du côté de la communauté internationale qui qualifie de « non-démocratique » et « non-constitutionnelle » la prise de pouvoir de M. Rajoelina et l'appelle notamment à organiser des élections au plus vite. La cérémonie du stade de Mahamasina, dont les tribunes étaient pleines malgré un soleil de plomb, avait commencé par un office œcuménique, encadrée par un dispositif de sécurité relativement léger composé de militaires. Dans le stade dominait l'orange, la couleur du mouvement de contestation qui, avec le soutien d'une partie de l'armée, a porté M. Rajoelina au pouvoir et chassé l'ex-président Marc Ravalomanana. A côté de la tribune présidentielle où M. Rajoelina et les ministres de son gouvernement avaient pris place, une autre tribune était réservée aux ecclésiastiques, tous habillés de blanc. Jacques Sylla, ancien Premier ministre et ex-président de l'Assemblée nationale dissoute par M. Rajoelina jeudi, était présent, ainsi que le chef d'état-major de l'armée malgache, le colonel André Andriarijaona. La communauté internationale, après plusieurs jours d'hésitations, a dénoncé, vendredi, un « coup d'Etat » à Madagascar, pays qui a été suspendu de l'Union africaine. Après l'Union européenne, qui avait d'emblée parlé de « coup d'Etat », les Etats-Unis se sont ralliés vendredi à cette terminologie, après avoir d'abord évoqué un processus « non démocratique ». Pour Washington désormais, l'éviction, mardi, du président Marc Ravalomanana, après trois mois de crise politique et une centaine de morts, « équivaut à un coup d'Etat et les Etats-Unis ne vont pas maintenir leur partenariat actuel d'aide à Madagascar », a déclaré un porte-parole du département d'Etat, Robert Wood. « Les Etats-Unis suspendent toute leur aide non humanitaire à Madagascar », a-t-il ajouté. La France, premier bailleur de fonds et ancienne puissance coloniale, n'en est pas à ce stade. Elle maintient sa coopération économique et « il n'est pas question » de suspendre l'aide bilatérale à « la population malgache », a dit vendredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevallier. Il n'a toutefois pas exclu des discussions à l'UE sur d'éventuelles sanctions. A l'UA, de possibles « sanctions » sont évoquées « si un retour à l'ordre constitutionnel n'intervient pas très rapidement ». Un sommet des chefs d'Etat de l'UA, prévu en juillet à Madagascar, pourrait aussi être mis en cause. Selon le gouvernement sud-africain, l'Afrique australe a prévu d'organiser un sommet d'ici la fin du mois à Johannesburg pour réfléchir à d'éventuelles sanctions contre Madagascar. Une prise de position est enfin attendue de l'ONU qui a dit, mercredi, n'être pas en mesure de se prononcer sur la légalité du nouveau pouvoir malgache.