Le président autoproclamé de Madagascar devait prêter serment hier. La Haute Cour constitutionnelle de son pays a officiellement entériné sa prise du pouvoir mais, à l'étranger, les condamnations se multiplient : après l'Union africaine qui a suspendu Madagascar de ses instances, les Etats-Unis qui ont coupé le robinet de leurs aides humanitaires, le président français vient à son tour de dénoncer un coup d'Etat. Pourtant à Antananarivo, il est dit que Paris a donné un coup de pouce à la destitution de l'ancien président proche des Etats-Unis. Cela s'annonce donc un peu plus difficile que prévu pour le nouveau pouvoir, qui ne cache pas sa déception. Et le pays risque de ne pas sortir de la crise. À l'intérieur du pays, Rajoelina n'est pas non plus à l'abri de futures turbulences même s'il a l'appui de l'armée qui l'a adoubé. D'ailleurs, le nouveau chef malgache, ex-DJ et milliardaire comme son prédécesseur qu'il a forcé à quitter le pouvoir, en a conscience. Il a rencontré des représentants des partis politiques qui comptent pour essayer de se faire accepter. Certains leaders lui ont fait remarquer que seul un président élu pouvait prêter serment. D'autres ont également estimé que la confirmation des membres de son gouvernement, nommés pendant la crise, n'étaient pas forcément un choix judicieux, y compris celui du Premier ministre, Monza Roindefo. L'opposition, la société civile, les Eglises, ainsi que les opérateurs économiques souhaitent que des assises nationales se tiennent rapidement pour définir les structures de cette transition. Rajoelina leur a promis un siège au sein de la haute autorité qu'il préside et qui serait chargée notamment de ratifier les ordonnances du futur gouvernement. D. B.