Les régions d'Ath Yedjar (Bouzeguène) et Ath Ghobri (Ifigha) enregistrent cette saison une production oléicole très insuffisante, comparée à celle de l'année dernière, qui avait battu tous les records. C'est le constat établi par la subdivision agricole de Bouzeguène et par de nombreux exploitants. Le phénomène de la baisse est bien connu en oléiculture qui se caractérise par une production alternée, c'est-à-dire qu'une bonne récolte lors d'une saison peut donner lieu à une autre, relativement plus faible. Les aléas climatiques, d'une part, et les maladies, d'autre part, ont largement contribué à la baisse des rendements, qui lèse intensément les familles, dont certaines tirent leur subsistance de cette culture. A cela s'ajoute, dans certains cas, le manque de savoir-faire, notamment dans l'entretien et l'élagage de l'olivier. «Après la satisfaction de l'année dernière, où il m'a fallu près de trois mois pour terminer ma récolte, cette année, c'est la déception totale. Il n'y a pas grand-chose à ramasser», nous dira une villageoise du village Ibouyesfene. L'oléiculture constitue la principale vocation de la wilaya de Tizi Ouzou, avec une superficie de près de 31 000 hectares, selon une responsable agricole. La daïra de Bouzeguène et la commune d'Ifigha comptent 1321 hectares. Le rendement est estimé entre 12 et 13 quintaux à l'hectare. Il faut attendre la fin de la trituration pour connaître le rendement en huile. La comparaison est de taille avec l'année 2017, où le rendement s'est situé entre 25 et 30 quintaux d'olives à l'hectare, (plus du double), pour 15 à 18 litres à l'hectare. En Kabylie, l'oléiculture est une pratique ancestrale profondément ancrée dans la famille. Elle a beaucoup évolué ces dernières années et devrait connaître un développement accru à l'avenir grâce à l'apport de nouveaux plants et à l'introduction de nouvelles techniques de plantation, de taille et de récolte, selon la responsable agricole locale. Les pouvoirs publics accordent un intérêt particulier à l'agriculture de montagne, avec la distribution chaque année de nouveaux plants. Cette opération vise à rajeunir les plantations et à suppléer les vieux oliviers dont certains dépassent un siècle d'âge. Les huileries de Bouzeguène et d'Ifigha sont toujours à l'arrêt. Toujours est-il que quand la production est faible, les propriétaires des huileries, pour couvrir le manque, achètent des quantités d'olives en dehors de la wilaya, et même de Tunisie, nous a-t-on indiqué. Des stocks importants d'olives importées sont entreposés devant les huileries. Les propriétaires ne divulguent jamais la provenance des olives, mais pour la population, c'est un secret de Polichinelle. Depuis quelques jours, des revendeurs originaires de Sétif et de Bordj Bou Arréridj proposent de l'huile fraîchement triturée à 650 DA le litre. Le revendeur a liquidé sa cargaison de 2000 litres en moins d'une heure. C'est d'ailleurs grâce à ces olives ramenées d'autres régions que les prix se stabilisent.