Pour le directeur de l'établissement culturel, Christophe Perton, qui s'exprime dans le document de présentation, « à l'heure où les problématiques de l'intégration, du partage, du respect réciproque des cultures et de l'histoire demeurent des questions aux réponses inachevées ou éludées, il nous semble qu'une fois encore, le théâtre peut remplir un rôle. Cette édition ambitionne par la médiation et la confrontation d'auteurs, d'artistes et d'intellectuels, algériens, français et français issus de l'immigration algérienne, de soulever la chape de silence qui recouvre notre histoire commune depuis la fin de la guerre d'Algérie. L'incompréhension mutuelle, les non-dits et l'héritage des blessures du passé se nourrissent de l'ignorance et du silence. Nous espérons modestement, au travers de débats, de spectacles, de rencontres, emprunter, à l'échelle de notre cité, le chemin si souvent salutaire de l'échange dans ce ‘‘Temps de paroles'' ». D'ores et déjà, le programme s'annonce tellement riche qu'on pourrait y consacrer plusieurs pages de ce journal. On n'en tracera ici que les grandes lignes, pour y revenir ultérieurement. Tout commencera du 19 au 26 mai avec une adaptation scénique du roman Bleu blanc vert de Maïssa Bey, par Kheireddine Lardjam, jeune metteur en scène qui vit et travaille en Algérie. Trois créateurs français (son, lumière, scénographie) feront partie intégrante de l'équipe de création algérienne. Salariés de la Comédie de Valence, ils seront présents pendant les répétitions à Oran et assureront aussi des actions de formation sur place auprès de créateurs algériens. Le 23 mai, place au théâtre concert avec Paris-Alger, classe enfer, proposé par Salah Gaoua sur un texte de notre confrère d'El Watan, le journaliste et écrivain Mustapha Benfodil. Une fable loufoque qui tisse sa trame à travers toutes les contradictions de l'Algérie contemporaine. Le samedi 30 mai, l'événement tournera autour du souvenir du regretté Lili Boniche, avec une évocation mélancolique d'un cabaret. Le 22 mai, place au spectacle de Fellag Les Algériens sont tous des mécaniciens et, du 26 au 29 Faut qu'on en parle, spectacle hip hop de Guy Alloucherie et Hamid Ben Mahi. De l'immigration, du racisme ordinaire, de la guerre d'Algérie, des pères et mères exilés, de la cité... Aziz Chouaki sera quant à lui à l'affiche des 26 et 27 mai, avec Les Coloniaux, dans une mise en scène Jean-Louis Martinelli, avec Aziz Chouaki et Hammou Graïa. Marocains, Algériens, Sénégalais, Annamites, dans Les Coloniaux, Aziz Chouaki redonne vie à ces combattants des colonies en un va-et-vient incessant entre douceur du Maghreb et abomination des tranchées. Il y aura aussi des regards croisés avec d'autres partenaires de la Comédie de Valence, qui se réunissent pour un parcours commun, pour proposer des concerts, comme celui d'Origines contrôlées qui revisitent les chanteurs de l'émigration algérienne (le 18 mai), mais aussi des contes et des lectures. Ainsi, depuis février et jusqu'à mai, Christophe Perton et les acteurs de la troupe convient les spectateurs à une série de rendez-vous chaque premier lundi du mois, carte blanche à un acteur de la troupe permanente pour un regard singulier sur un des aspects de France - Algérie. Pour parachever l'ensemble, deux tables rondes sont prévues. Le samedi 16 mai sur le thème « France-Algérie, quels héritages ? » On abordera les traumatismes de l'histoire, la transformation des structures mentales et les conséquences de l'immigration de part et d'autre. Enfin, le samedi 23 mai une rencontre-débat dont on aimerait bien qu'elle ait lieu en Algérie même sur le registre « La place de l'artiste en Algérie aujourd'hui », en présence des artistes du festival Maïssa Bey, Kheireddine Lardjam, Mustapha Benfodil, Salah Gaoua,… A signaler enfin un volet cinéma, avec les dernières productions longs métrages, documentaires ou courts métrages. Pendant un temps, Valence deviendra Valence la blanche, bien loin pourtant de la Méditerranée où se jette avec avidité le Rhône qui longe la ville, amenant peut-être un fluide jusque vers Alger.
