Tous les patrimoines qui auraient dû être la chose la mieux partagée, ne semblent pas avoir profité équitablement à toutes les régions du monde. L'événement «Alger, capitale de la culture arabe 2007», est rehaussé par l'organisation de cette importante Conférence extraordinaire des ministres arabes de la Culture pour examiner l'état des patrimoines culturels respectifs dans la perspective de dégager les politiques et les stratégies communes à même de leur assurer une meilleure visibilité mondiale. 17 ministres arabes de la Culture ainsi que près d'une centaine d'experts de différents pays arabes prennent part à cette conférence, hier matin, en présence du chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem. Cette initiative est la deuxième du genre après celle tenue à Damas pour faire face à la normalisation culturelle avec Israël à l'issue de la convention de Camp David. Il s'agit de mettre en exergue le patrimoine culturel davantage, et particulièrement en ces moments caractérisés par la mondialisation et les dangers de l'uniformisation culturelle. Le fait que les pays arabes demeurent les garants de l'intégrité de leur patrimoine à travers des actions pérennes de protection, de sauvegarde et de promotion d'héritages culturels, matériels et immatériels dans le cadre de politique et de stratégie adaptées à leurs réalités. «Tous les aspects du passé qui ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui méritent d'être préservés, mis en valeur et présentés aux générations présentes et futures dans le meilleur état possible», a souligné le chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem, dans une allocution prononcée lors de l'ouverture des travaux. Toutes ces questions, a souligné M.Belkhadem, «ressortent de la culture et des politiques et stratégies culturelles», précisant que «la culture est le moteur du développement qui permet de concevoir et de se projeter dans de nouveaux espaces et dans le futur». Pour M.Belkhadem, «la présence des peuples dans l'histoire est prouvée par les archives écrites, les monuments et sites archéologiques», ajoutant que «les cités historiques, les casbahs, les médinas, les ksour érigés selon des canons qui nous sont propres, expriment le génie architectural et urbanistique de nos peuples». Ainsi que «le patrimoine culturel est la démonstration de l'histoire, il est la part du passé sans laquelle nul avenir ne peut se concevoir», a-t-il soutenu, estimant que «la vision prospective relative au patrimoine consiste à le considérer comme un héritage total, irremplaçable et inaliénable». Rappelant qu'«au moment où notre pays s'apprêtait à célébrer sa victoire sur le colonialisme français, l'OAS (Organisation de l'armée secrète), n'a pas hésité à organiser un autodafé pour brûler les livres de la bibliothèque de l'université d'Alger».«L'accès à l'attention mondiale de tous les patrimoines qui auraient dû être la chose la mieux partagée, ne semblent pas avoir profité équitablement à toutes les régions du monde», a-t-il déploré, rappelant qu'«il faut convenir qu'un déficit flagrant accable le patrimoine arabe du point de vue de sa représentation». Le chef du gouvernement a fait remarquer que «n'ayant pas de souvenirs problématiques ni d'histoire honteuse, (...) nous ne pouvons que nous déclarer les amis du patrimoine culturel». Evoquant la situation qui prévaut en Palestine, M.Belkhadem a affirmé que «la destruction au bulldozer et autres engins de démolition des vestiges musulmans et notamment de murs de la mosquée d'El Aqsa, est inadmissible et viole les règlements internationaux et la conscience humaine». Le chef du gouvernement qui a également fait état des «conflits injustes qui minent et rongent les patrimoines culturels de la Mésopotamie, comme le Musée de Baghdad, a appelé à la mobilisation des organisations internationales comme l'Unesco, l'Isesco et l'Alesco pour retrouver les collections saccagées, les restaurer et les restituer à leur lieu». M.Belkhadem qui s'est félicité, en outre, de l'entrée au comité du patrimoine mondial de cinq pays arabes, à savoir la Tunisie, le Maroc, l'Egypte, la Jordanie et le Bahreïn, a estimé que «c'est à la fois un honneur et une responsabilité de représenter la région du monde qui nous semble en avoir le plus besoin». L'oubli, le désintérêt, parfois l'obsolescence, souvent la désincarnation, happent chaque jour, par pans entiers, les trésors de la tradition, de la culture traditionnelle et du folklore. Ces processus d'érosion sont vécus par nos populations comme allant de soi, comme le prix à payer à l'installation du progrès social. Ils sont perçus, par contre, par les porteurs et les créateurs, douloureusement comme une fatalité irréversible.