Quatre compagnies et demie de CRS (soit environ 500 hommes), composées de policiers d'élite, seront néanmoins postées aux abords immédiats du Palais des festivals. La police municipale a fait monter en puissance ses effectifs sur le terrain de 100 à 150 agents. La vidéosurveillance est également renforcée : trois opérateurs surveilleront les écrans jour et nuit – contre deux uniquement la journée en temps normal -, branchés sur les 125 caméras que compte Cannes, dont 40% sont installées sur la Croisette. Pendant le festival, la population de la ville triple, passant de 70 000 à 200 000 habitants, et la petite et moyenne délinquance (vol, cambriolages, etc.) double, selon les statistiques de la police qui rappelle que «la jet-set, les personnalités et la foule que cela draine intéressent nos clients” habituels, locaux ou pas». Comme chaque année, la circulation sur la célèbre Croisette va être progressivement interdite pour accueillir chaque jour le ballet des voitures officielles pour la montée des marches du Palais du festival. Des petites manifestations sont toutefois prévues, comme une action symbolique, ce soir, près des marches par un comité qui entend «rappeler qu'outre l'ouverture du festival du film, le 17 mai est aussi la Journée internationale de lutte contre l'homophobie». De grands noms du cinéma devront affronter une génération montante de jeunes réalisateurs, lors de ce 59e Festival de Cannes inauguré par la présentation en première mondiale du désormais célèbre Da Vinci Code. A l'image de La guerre des étoiles présenté sur la Croisette en 2005, Da Vinci Code est d'ores et déjà assuré d'une couverture médiatique maximale pour laquelle rien n'a été laissé au hasard. Hors course pour la Palme d'or, le film devra pourtant s'éclipser pour laisser place à la compétition proprement dite, dans laquelle des pointures confirmées comme l'Italien Nanni Moretti ou l'Espagnol Pedro Almodovar affronteront des réalisateurs moins connus du grand public. Parmi cette génération montante, figurent le Chinois Lou Ye ou l'Italien Paolo Sorrentino. Cette 59e édition se veut de fait, selon les propres mots du directeur artistique du Festival Thierry Frémaux, «une année de renouvellement». La liste des 20 films en compétition comporte néanmoins des réalisateurs confirmés tels que Ken Loach (Le vent se lève) et le Finlandais Aki Kaurismaki (Les lumières du Faubourg). L'Américaine Sofia Coppola présentera de son côté le très attendu Marie-Antoinette. En outre, trois films français seront en lice : Flandres de Bruno Dumont, Selon Charlie de Nicole Garcia et Quand j'étais chanteur de Xavier Giannoli. Un autre film français, Transylvania de Tony Gatlif, avec Asia Argento et Amira Casar, fera la clôture du festival le 28 mai. Le Belge Lucas Belvaux (La raison du plus faible), le Mexicain Guillermo del Toro (Le labyrinthe de Pan) et l'Algérien Rachid Bouchareb (Indigènes) seront également en course. Ce dernier film devrait faire l'événement sur la Croisette puisque la star comique Jamel Debbouze assure la tête d'affiche de cette production franco-maroco-algérienne aux côtés de Samy Naceri et Roschdy Zem. Pour les chasseurs d'autographes, X-Men 3, présenté hors compétition, apportera une véritable manne avec la superbe Halle Berry, le ténébreux Hugh Jackman et le mystérieux Ian McKellen (également au générique de Da Vinci Code). Pour la première fois de l'histoire du Festival, c'est à un Chinois (de Hong Kong) que reviendra l'honneur de présider le jury de la Palme d'or : Wong Kar-wai, le réalisateur célébré de In the mood for love. A ses côtés siègeront notamment les actrices Monica Bellucci, Helena Bonham-Carter et Zhang Ziyi, le réalisateur français Patrice Leconte et l'acteur américain Samuel Jackson. Comme toujours, de nombreux événements seront organisés en marge de la compétition : une leçon d'actrice par la mythique Gena Rowlands, une leçon de cinéma par l'Américain Sydney Pollack et une exposition consacrée au monument du cinéma russe Sergueï Eisenstein.