Les missions de bons offices entreprises par deux députés, Brahimi du MSP et Bentamra l'indépendant, entre les grévistes et le ministre de tutelle, Abdelmalek Sellal sont restées sans succès car, croit-on savoir, «il y eut avance de contrevérités au ministre». Les grévistes qui allaient déménager devant les locaux de l'UGTA, en plein centre ville, semblaient décidés à aller au bout de leurs forces, voire au bout de leurs revendications, rejetant ainsi l'offre du responsable de zone, M. Flici qui serait prédisposé à lâcher du lest en faveur des syndicalistes suspendus mais, pour ce qui est de la reconnaissance de la section syndicale, les approches semblaient figées. Chaque partie campe sur ses positions. Les grévistes font savoir leurs intransigeances quant à l'éventualité d'une autre élection et le directeur s'en tient au règlement intérieur et au dossier syndical qu'il estime «transgressé par certains travailleurs». Hier, à la fébrilité coutumière, la sérénité semblait prévaloir. Une réunion d'urgence des sections syndicales de Tiaret fut décidée. Celle-ci vise à amener à une plus grande mobilisation et un soutien autrement plus franc des travailleurs. Signes d'épuisement Un syndicat UGTA qui, bien qu'ayant perdu son patron local, semble tendre paradoxalement vers l'unification des rangs et c'est ce qui explique la mobilisation qui commence à prendre forme. Certains des grévistes de la faim, dont deux femmes et un bébé de quatre mois, commençaient à donner des signes d'épuisement et des personnes déshydratées ont été évacuées vers l'hôpital. L'un des interlocuteurs des grévistes, quelque peu aphone mais résolu, nous apprendra que «s'ils doutent de la sincérité de notre action, nous allons jusqu'à diminuer les rations d'eau et de sucre». Parmi les grévistes et outre les sept syndicalistes, on retrouve des travailleurs non réintégrés, bien que détenteurs de jugement définitif avec astreinte journalière, un jeune cadre qui aurait été suspendu car ayant coupé l'eau à des VIP et ceux qui avaient agi par solidarité. C'est le cas de Mme Amari aux côtés de son époux poursuivi par ailleurs pour avoir tenu, dit-on, des propos diffamatoires à l'encontre de l'ex DG . Autour des grévistes, on s'empresse peu, mis à part de furtives apparitions d'élus de l'APW et surtout des deux députés dont l'un d'eux, un juriste, avait adressé une correspondance au ministre des Ressources en eaux. Celui-ci, Abdelmalek Sellal qui ne serait pas bien informé, aurait l'intention de dépêcher une commission d'enquête. En attendant, il y a un gros risque encouru par les grévistes. A qui profite une telle situation ?