Une quinzaine de syndicats autonomes paralyseront, aujourd'hui et demain, leurs secteurs tels que l'éducation, la santé, la formation professionnelle, l'administration publique et l'enseignement supérieur, pour contester le projet de loi du gouvernement portant suppression de la retraite proportionnelle et sans condition d'âge. Après les tentatives échouées des autorités à convaincre les syndicats initiateurs de la grève de ces deux jours, renouvelable les 24 et 25 octobre, à faire marche arrière, l'Exécutif retient son souffle quant aux conséquences du débrayage qui touchera des secteurs sensibles. Du côté des syndicats, on annonce d'ores et déjà une grande mobilisation des travailleurs «indignés» par la démarche du gouvernement à fixer l'âge de départ à la retraite à 60 ans. D'ailleurs, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a exposé hier l'avant-projet de loi devant la commission des Affaires sociales de l'APN. Signe de la détermination du gouvernement d'Abdelmalek Sellal à aller jusqu'au bout de sa démarche, arguant «les difficultés financières de la CNR» dans une conjoncture économique de crise et d'épuisement des finances du pays. Mais les travailleurs eux estiment que ce n'est pas dans leurs poches qu'on doit puiser. Les syndicats autonomes qui, depuis des années, dénoncent leur «exclusion» des réunions tripartites où toutes les décisions qui impliquent l'avenir du monde du travail sont prises, disent avoir des solutions alternatives aux raisons avancées par le gouvernement. Déterminés à défendre «un acquis» des travailleurs qu'est la retraite anticipée, ils ne demandent qu'à être reçus par le Premier ministre pour exposer leurs arguments. Bras de fer. Dialogue de sourds. Impasse ! La relation entre le gouvernement et les partenaires sociaux est tellement complexe que chacun campe sur sa position. Un syndicaliste interrogé sur le refus jusqu'à présent de Sellal à les recevoir, n'y va pas par quatre chemins pour pointer du doigt la centrale syndicale UGTA. C'est le syndicat d'Abdelmadjid Sidi Saïd qui «s'oppose à notre rencontre», nous dit-il. La grève d'aujourd'hui s'avère être un test de vérité pour le gouvernement et les syndicats. Au moment où le premier semble avoir épuisé ses cartes, avec les deux rencontres initiées par Nouria Benghebrit, dont l'une en présence de Mohamed El Ghazi, ministre du Travail, le second devra prouver sa crédibilité pour pouvoir peser dans cette «bataille». Il faut dire qu'il n'est pas exclu de voir le mouvement de grève atteindre le secteur économique, d'autant que «la liste des métiers pénibles», dont une commission en charge de son élaboration est installée en association avec l'UGTA, divise largement. Dans une conjoncture économique difficile, une telle pression n'est sans doute pas dans l'intérêt du gouvernement. D'où la nécessité d'un vrai dialogue avec «les détenteurs du pouvoir de décision», comme l'ont précisé les six syndicats de l'éducation qui ont boycotté, samedi, la «mini-tripartite» avec Benghebrit et El Ghazi. En attendant, les victimes collatérales de ce débrayage national dont les élèves, les étudiants, les malades entre autres, restent en dehors du débat.