C'est une sorte de communion qui s'est confectionnée le temps de l'exposition entre les Bou Saâdis et l'artiste peintre, qui a su à travers ses œuvres, restituer avec force une tranche de l'histoire contemporaine des us et coutumes des Bou Saâdis et à travers eux ceux de l'Algérie encore. A ce propos, dira Mustapha Bouamama, dans le catalogue qui est consacré à l'artiste, qu'«il est émerveillé, subjugué par la beauté du Sud algérien, par la luminosité, ses couleurs flamboyantes et son atmosphère ardente. Tout comme il est séduit par la dignité des populations, leur hospitalité et leur contentement dans le dénuement. Il visite Ouargla puis Laghouat pour être à demeure à Bou Saâda». Cette tendance à la communion s'est dessinée au lendemain de sa «descente» à Bou Saâda. Mustapha Bouamama dira à ce propos : «Etrangement, les premières œuvres sont des paysages sans personnages. L'artiste, respectueux des croyances de la société d'adoption, aurait-il délibérément gommé toute vie humaine et animale de ses tableaux afin de ne pas contrevenir aux faux interdits de la représentation figurative. Les terrasses de Laghouat, Oued M'sila, Après l'orage et Midi en juillet à Bou Saâda sont de cette période. L'absence de référence au monde du vivant confère à ces toiles une sensation de mystère pesante et d'irréalité fantasque… Elles expriment une quête précoce de rapprochement avec l'indicible.» Treize œuvres acquises par l'Etat et restées depuis 1995 au musée des Beaux-Arts d'Alger ont été, dira Mme Hioune, directrice du musée national Nasreddine Dinet de Bou Saâda, officiellement réexposées par le musée. Du coup, le musée se trouve être enrichi d'œuvres qui vont le rehausser à un niveau à la mesure de la notoriété de l'artiste peintre Etienne Nasreddine Dinet. L'autre élément exceptionnel de ce mois du patrimoine réside dans le fait que deux géants de la peinture algérienne de générations différentes se croisent par œuvres interposées créant ainsi une ambiance de fiction. L'un, Etienne Dinet, disparu depuis 77 ans et l'autre Mohamed Louaïl, vivant terrassé par une maladie qui n'en finit pas de s'effacer jusqu'à ce que, lit-on dans le catalogue qui lui est consacré, à ne plus avoir de visage pour nombre de personnes et même pour nombre d'artistes. Quatre-vingt œuvres, entre huiles, fusains, gravures et pastels exposés au musée Dinet, révèlent le talent d'un artiste qui peint sans compromission des sujets de différentes conditions. Il a peint notamment des femmes dans leurs insoutenables conditions à travers d'innombrables toiles : Pudeur, Femme au masque, Lourd fardeau.