Le Musée national de Bou Saâda a été créé par décret en 1993 et dédié à la mémoire et à l'œuvre du peintre Nasreddine Dinet. Artiste formé à Paris, classé en son temps sous l'étiquette «orientaliste», Alphonse Etienne Dinet (1866-1929) avait bien mérité son adoption par la «cité du bonheur». Venu pour la première fois en Algérie en 1884 et après plusieurs séjours, Dinet s'y établit en 1904. S'installant dans une maison construite dans la vieille ville, dans la quartier des Mouamines, il marquait son désir de se rapprocher de la population du vieux «Guissar», hommes et femmes, enfants du quartier, auprès desquels il trouvait ses modèles. Il se convertit à l'islam en 1913 et accomplit son devoir de musulman en effectuant son pèlerinage aux lieux saints en 1928. Il rédigea un testament dans lequel il consigna son vœu d'être enterré dans sa cité d'élection en insistant sur le fait que ses obsèques devaient être conformes au rite musulman. Il érigea une qobba mortuaire où il repose. En 1969, fut décidée la création d'un musée Dinet à Bou Saâda, entreprise soutenue par le miniaturiste Mohamed Racim qui avait bien connu Dinet. Mais il faut attendre 1993 pour que cette entreprise voie le jour. Le décret portant création du musée a engagé à la procédure de constitution d'un fonds propre. Au cours de l'année 1995, une première acquisition, un portrait d'homme, a été effectué par le musée dans le cadre de la commission interministérielle d'achat d'objets et d'œuvres d'art. Le musée est composé de deux bâtisses : - Une partie ancienne qui a abrité à l'origine l'atelier de l'artiste peintre et a fait l'objet d'une restauration - Une deuxième partie réalisée en 1993 et constituée de deux salles d'exposition et d'un bloc administratif. - La collection du musée se compose notamment : - d'une œuvre de E. Vershaffelt, intitulé «intérieur de Bou Saâda» - d'une œuvre de Dinet intitulé «portrait d'homme» - de deux livres d'or - d'un médaillon de légion d'honneur appartenant à Dinet - et de trois livres anciens reçus sous forme de dons. Qui était Nasreddine Dinet ? Après avoir obtenu son baccalauréat en 1881, Alphonse Etienne Dinet s'inscrit à l'Ecole des beaux-arts de Paris et entre dans l'atelier de Victor Galland. Elève de William Bouguereau et Tony Robert-Fleury à l'Académie Julian, il expose pour la première fois, en 1882 au Salon des artistes français. En 1884, Dinet fait son premier voyage dans le Sud algérien avec une équipe de savants entomologistes, dans la région de Bou Saâda. L'année suivante un second voyage le conduit à Laghouat et au Mzab. Il peint ses deux premiers tableaux algériens, «Les Terrasses de Laghouat» et «l'oued M'sila après l'orage». C'est en 1900 qu'il installe son premier atelier algérien à Biskra et obtient la médaille d'or à l'exposition universelle de Munich. En 1902, il publie Rabia el Kouloub ou le Printemps des cœurs, recueil de trois légendes sahariennes. Son tableau «l'Arabe en prière» amorce le mouvement qui l'amènera à se convertir. En 1905, il achète une maison à Bou Saâda pour y passer les trois quarts de l'année et une année après, il publie Mirages, illustré de 24 scènes de la vie arabe. Ce livre sera réédité en édition populaire sous le titre Tableaux de la vie arabe. C'est sur ses conseils que sera créée, en1907 à Alger la Villa Abd el Tif, sur le modèle de la Villa Médicis à Rome. Et une année après, Etienne Dinet annonce par lettre à un ami qu'il s'est converti à l'islam depuis plusieurs années. S'en suivent plusieurs publications qui s'inspirent des traditions, des histoires et de la vie à Bou Saâda, considérée alors comme la «porte» du Sahara. En 1913, il décide de se choisir un nouveau prénom musulman : Nasreddine. En 1923, il achète une villa à Saint-Eugène à Alger où il expose régulièrement et en 1925 il fait ériger à Bou Saâda la qobba devant abriter sa future tombe. En 1929, il effectue le pèlerinage à La Mecque. La même année, le 24 décembre il décède d'une crise cardiaque devant son domicile parisien. Ses funérailles officielles à Bou Saâda auront lieu le 12 janvier 1930 en présence de Pierre Bordes, gouverneur général de l'Algérie, qui retrace la vie exemplaire de l'artiste. L'éloge funèbre en arabe sera prononcé par une délégation des membres de Nadi Taraqi et des oulémas.