Faire découvrir les multiples facettes de la culture berbère de la wilaya de Khenchela aux habitants de Tizi Ouzou, c'est l'objectif assigné à la semaine d'activités qu'a abrité la maison de la culture Mouloud Mammeri du 25 au 29 mars. Arts plastiques, théâtre, danses folkloriques, chants traditionnels et modernes, la délégation d'artistes qui a séjourné dans la capitale du Djurdjura n'a pas manqué de créativité pour mettre en relief la richesse du patrimoine de cette région du pays. C'est par une représentation folklorique des troupes Igoudar et El Hilal qu'a été donné le coup d'envoi de cette rencontre. Vêtus de costumes chaouis, les « tbabla » ont agrémenté l'assistance amassée dans la cour de la maison de la culture par des chants et des danses qui n'ont pas manqué de susciter l'admiration des visiteurs dont des touristes étrangers de passage à Tizi Ouzou. Appelé Errahba, ce genre qui suinte l'authenticité du terroir est basé sur le son du bendir (tambour) et la cadence des pas rythmés exécutés par cinq hommes et une femme. Quelques mètres plus loin, des flutistes exécutent des airs de gasba si chers à Aïssa Djermouni, dont un grand poster ornait le parvis de l'établissement, au côté d'autres figures artistiques des Aurès comme Ali Khencheli, Zoulikha Laouadj, Abdelhamid Bouzaher. Des jeunes filles immortalisent le spectacle avec leurs téléphones portables. « C'est un style que j'apprécie beaucoup. La déferlante du raï, la chanson rythmée et autres reprises non-stop aux sonorités agressives polluent nos traditions musicales », commente une étudiante à l'école des beaux-arts d'Azazga. De l'autre côté de la scène, une gigantesque tente est érigée en plein air, au milieu d'un paysage verdoyant contrastant quelque peu avec le décor original d'implantation de la kheïma saharienne. A l'intérieur, une femme s'affaire à tisser de la laine. Dans un coin, sont entreposés des tapis rudimentaires et des objets artisanaux. Virée dans la salle des expositions. Des tapis berbères aux couleurs chatoyantes, des bijoux et de belles robes « made-in » Khenchela y sont proposés aux visiteurs. Dans un angle, une femme en voile, assise à même le sol autour d'un kanoun (chauffage traditionnel), disserte devant une caméra amateur sur l'art culinaire de la wilaya de Khenchela. Barboucha, couscous, r'fiss, des mets traditionnels toujours en vogue dans plusieurs régions du pays. Les arts plastiques y étaient également représentés à cette rencontre culturelle à travers une exposition de tableaux de peinture de l'artiste Ayèche Rabah. « Je suis artiste plasticien. Je suis impressionniste. J'essaye de travailler la substance avec des pigments qui sont les miens. J'essaye de donner à la couleur, qui est de la peinture à l'huile, un aspect presque délavé qui donne une subtilité que ce soit pour ce que j'appelle moi le consommateur du regard, celui qui visite. Il est imprégné par cette subtilité et cette couleur qui est presque défraichie mais qui lui offre une certaine continuité dans la chaleur », dira-t-il succinctement à propos de sa carrière. En projet, M. Ayèche prépare un recueil de poésies et un roman. La semaine culturelle de Khenchela à Tizi Ouzou sera clôturée ce dimanche à 15h par un spectacle qui sera animé par les troupes folkloriques Fen El Assil, Aurès et Kaïs.