Parmi les nombreux signes de paupérisation, celui relatif à la réapparition de certaines activités qui, quelques années plus tôt, étaient considérées comme humiliantes ou des scories de la période coloniale telles la vente de journaux à la criée ou l'activité de cireurs de souliers est de plus en plus marquée. Et pour cause, la crise économique qui a sévi, ces dernières années, a eu des effets parfois désastreux sur l'emploi, mettant au chômage plusieurs milliers de travailleurs. L'euphémisme utilisé pour qualifier les personnes licenciées n'a aucune importance puisqu'elles n'ont eu d'autres choix que de trouver un moyen de gagner leur pitance et de faire vivre leur famille. En fait, cette situation de récession a dicté de nouveaux comportements qui ont induit non seulement l'élargissement de l'activité informelle, mais également favorisé la multiplication de certaines autres activités jadis supposées infamantes ou dévalorisantes, comme celle de cordonnier-réparateur qui, telle une aubaine pour un infortuné, offre aujourd'hui des occupations à une « armée » de personnes happées par l'aversité. A vrai dire, il suffit de peu de choses pour exercer ce métier qui, en tout et pour tout, ne nécessite qu'un outillage sommaire constitué d'un pied, d'un marteau, d'une tenaille, de semence, de colle, etc. La multiplication de ce type d'artisans à même donné lieu à des situations de concurrence et de compétition pour occuper les endroits situés dans les artères les plus animées. La plus importante concentration est surtout localisée dans la jonction entre la route de Laghouat et la rue Richepin où des caisses de parasols se disputent l'espace de circulation réservé aux piétons. En fait, l'activité de rafistoleurs de chaussures est en passe de devenir un métier convoité, car procurant des revenus parfois inconséquents des suites des nombreuses malfaçons qui affectent la fabrication de chaussures dans de nombreux cas, chaque paire de chaussures va droit de la vitrine au pied-corps du réparateur pour être utilisée. Il faut remarquer que l'activité de fabrication de chaussures était très florissante à Médéa, mais a dû subir la crise économique de plein fouet, obligeant de nombreux patrons à mettre la clef sous le paillasson. Maintenant que la réalité implacable a imposé ses règles en créant de nouvelles valeurs économiques qui ont entraîné d'autres valeurs sociales, les métiers frappés d'obsolescence ou jugés dévalorisants sont devenus par la force des choses des sources de revenu.