Louisa Hanoune : Il y a un manque de recherche. La photo est plaquée sur le ciel en arrière-plan, alors qu'on aurait pu la faire poser dans la lumière naturelle. La gestuelle est intéressante. Saluer quelqu'un, c'est une façon de le reconnaître. Elle aurait pu générer une image plus sympathique. Mais la candidate affiche une moue sévère, elle a une attitude austère. Moi je la trouve dure. L'image manque d'émotion et de séduction, elle ne suscite pas la réaction passionnelle. La foule derrière est de trop. Cela fait populiste. Le slogan « Parce que la souveraineté populaire est une immunité pour la souveraineté nationale, la parole est au peuple » est trop long. C'est un slogan en 8 mots, c'est le double de la norme. A sa place, j'aurais juste gardé : « El Kalima li chaâb », « La parole au peuple ». Djahid Younsi : Le candidat a choisi une couleur qu'on n'a pas l'habitude de voir. Il n'a utilisé ni le vert ni le bleu. La maladresse est qu'il ne nous regarde pas. Il est plus de profil que de trois quarts. Il regarde quelque chose qu'on ne voit pas. Or, il faut avoir un regard frontal pour suggérer qu'on est un homme de communication et de dialogue, prêt à affronter les gens. Pour ce qui est du slogan « Votre chance pour le changement », il est court. Il est bien. Je dirais que c'est une affiche tout juste moyenne. Moussa Touati : L'affiche est nulle, elle est surchargée. Comment a-t-on pu lui conseiller de faire une affiche aussi opaque et aussi chargée de texte ? C'est archaïque. Dire qu'il aurait pu mieux exploiter la photo, qui est belle. Cette image trois quarts qui regarde l'électeur, on aurait pu l'éclater. Le candidat est serein, il est posé. C'est dommage qu'elle ait été sacrifiée ainsi. Abdelaziz Bouteflika : L'affiche est globalement réussie. On a reconduit la ligne graphique de 2004 avec, notamment, l'utilisation du bleu. Le slogan « Une Algérie forte et sereine » est presque calqué sur celui de la précédente élection (« Une Algérie forte et digne »). Le seul problème dans cette affiche, c'est le regard du candidat. La photo est de face, mais le regard n'est pas de face. Le candidat ne regarde pas l'électeur. Il ne s'adresse pas à l'électeur. Il a un regard baissé, penché légèrement à droite, au-dessous de l'horizon. Quant au choix de la typographie, il n'est pas judicieux. On a choisi une typographie à la majuscule agressive avec des empâtements. On aurait du choisir la minuscule, symbole de proximité, avec du gras. Mohamed Saïd : Par son attitude, le candidat se projette dans la peau du président en utilisant les symboles de l'Etat. L'affiche n'est pas attractive. Elle est illisible, c'est trop confus. Le candidat a eu recours à un dégradé de l'orange. Il fait un geste de la main pour saluer les gens. Ce geste symbolique peut générer une image forte, mais ce n'est pas le cas. Il n'est pas interactif. Il est un peu crispé. On dirait qu'il salue une foule qu'il ne connaît pas. Il ne fixe pas l'électeur, son regard est lointain. Le slogan « Le changement aujourd'hui et non pas demain » est un peu long. Il y a aussi une confusion au niveau du nom. Il aurait dû trancher entre mettre son vrai nom ou mettre son pseudo. Ali Fawzi Rebaïne : C'est peut-être l'affiche la moins ratée. Il y a de la perspective, il y a une belle lumière. Le candidat regarde l'électeur, l'attitude est celle d'un présidentiable, on a réussi à le faire poser. Mais l'affiche manque de dynamisme. Elle est molle. Pour ce qui est du slogan « Rebaïne président », il est court, mais il n'annonce pas de programme. Son ambition est de devenir président. Mais quel type de président pour quel type de société ? On n'en saura rien. Le nom du parti, décliné aux couleurs de l'emblème national, est arboré au détriment du slogan.