Louisa Hanoune, une poigne de fer Elle s'est opposée à la loi sur les hydrocarbures. Le discours du chef de l'Etat lui a donné raison à propos des privatisations. Comme dirait le vieil adage: «Jamais deux sans trois». Après avoir fait reculer le gouvernement et Chakib Khelil sur la loi concernant les hydrocarbures, le discours prononcé par le président de la République au sujet des investissements et des privatisations, semble avoir conforté Louisa Hanoune. La porte-parole du Parti des travailleurs se sent-elle pousser des ailes? Elle compte livrer une nouvelle bataille, celle de l'annulation de la loi domaniale. «Le retrait de cette nouvelle loi est une question de sauvegarde nationale, parce qu'elle planifie la destruction des liens de solidarité nationale…», a laissé entendre la chef de file du Parti des travailleurs. Une pétition nationale a été lancée pour le retrait de cette loi. Elle a recueilli 50.000 signatures pour l'instant. Fera-t-elle autant ou sinon plus que celle qui a contribué à la suppression de la loi des hydrocarbures. Cette dernière avait réuni plus d'un million de signatures. Louisa Hanoune est loin de ne représenter qu'une opposante obstinée. Elle tient à dénoncer et à combattre tout ce qui porte atteinte à la souveraineté nationale. Louisa Hanoune est une exception dans le monde politique en Algérie. Personnalité remarquable, ses interventions ne laissent pas de marbre. Elle est de surcroît à la tête de la formation politique à laquelle elle appartient. Elle n'a pas son pareil dans le monde arabo-musulman. Dans le monde musulman tout court. Sauf au Pakistan ave Benazir Buttho et en Indonésie. Deux femmes ont eu à diriger, dans ces pays, leurs gouvernements respectifs. A l'instar de ces exemples qui ont marqué la scène politique internationale, la passionaria du Parti des travailleurs se situe dans l'opposition. Elle le souligne. Elle se bat bec et ongles contre tous les projets et les lois pourtant adoptés qu'elle estime porter atteinte à l'économie nationale. Elle a fait de la souveraineté nationale son cheval de bataille. A l'heure où tout le monde plie l'échine devant une mondialisation rampante et qui, comme un tsunami, risque d'emporter les économies des pays les plus faibles, la porte-parole des travailleurs élève la voix. Elle a dénoncé violemment les conditions imposées à l'Algérie pour qu'elle fasse son entrée à l'OMC (l'Organisation mondiale du commerce), la faim dans le monde, la crise de l'immobilier aux Etats-Unis (subprimes), la privatisation suspendue du CPA…La résignation, la fatalité ne font pas partie de son monde. Elle aurait pu faire sienne la formule «je ne mange pas de ce pain-là». Elle joint l'acte à la parole. Elle part à nouveau en croisade contre la politique de privatisation menée tambour battant par Abdelhamid Temmar, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Elle veut la «peau» de la loi 01-04 consacrant les privatisations et qui a donné lieu à une «gigantesque gabegie», selon Mme Hanoune. La responsable du PT constitue-t-elle un rempart contre les privatisations? En excellente théoricienne du matérialisme dialectique, elle doit croire en l'union des contraires. Pas celle qui paupérise mais plutôt celle qui permet de redistribuer équitablement les richesses. Les privatisation qui doivent générer ou provoquer la fermeture des usines et les licenciements, c'est non. Oui à celles qui peuvent créer des emplois. Cela semble en apparence très simple. Orthodoxe. Louisa Hanoune en a fait son terrain favori. Il est en adéquation avec ce que la théorie marxiste a qualifié d'objectif. La relation entre le travailleur et son outil de travail détermine la condition du travailleur. Louisa Hanoune a pris position pour défendre l'un et l'autre. Que cette démarche soit consciente ou inconsciente, il n'empêche qu'elle est bien intégrée dans la stratégie du PT. Une stratégie qui met en lumière les limites atteintes par un capitalisme mondial en proie à ses contradictions. Avec de telles observations, c'est à se demander si la passionaria du Parti des travailleurs n'a pas pris une longueur d'avance sur ses rivaux.