Partant de ce principe, on serait enclin à dire que le secrétaire général des Nations unies, auteur d'un plan soumis jeudi au Conseil de sécurité, parlait malheureusement pour lui, puisque il y a manifestement blocage. Contre l'avis des Israéliens qui lui avaient signifié mardi qu'ils poursuivaient leur agression et aussi des Américains qui veulent, disent-ils, une solution globale, entendre par là le désarmement du Hezbollah, Kofi Annan a réclamé jeudi un «arrêt immédiat des hostilités» au Liban et proposé un plan de règlement du conflit, incluant la libération des soldats israéliens, une conférence internationale et une force de stabilisation. «La cessation des hostilités est une nécessité urgente», a-t-il lancé, en rendant compte devant le Conseil de sécurité de la mission de médiation qu'il a envoyée dans la région. Dans la soirée, M. Annan a eu un dîner privé avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui doit se rendre en mission au Proche-Orient la semaine prochaine. La rencontre a duré deux heures, mais M. Annan n'a fait aucune déclaration à sa sortie. Dans son allocution devant le Conseil de sécurité, il a aussi appelé à l'ouverture de corridors humanitaires pour permettre à l'aide de parvenir aux populations affectées par le conflit et il a condamné à la fois le Hezbollah et Israël pour l'escalade de la violence au Liban. «Les actions du Hezbollah sont déplorables et Israël a le droit de se défendre, mais l'usage excessif de la force doit être condamné.» «Le ciblage par le Hezbollah de centres de population israéliens avec des centaines d'armes ainsi que l'usage disproportionné de la force et le châtiment collectif infligé au peuple libanais doivent tous deux cesser.» Le secrétaire général a appelé le Conseil de sécurité «à agir fermement» pour rétablir la paix et la stabilité au Proche-Orient. L'approche paraît simple, mais elle ne l'est pas pour autant. M. Annan n'a en effet pas caché la difficulté de la tâche. «Je serai franc avec le Conseil. Les conclusions de la mission (de médiation) sont qu'il y a des obstacles sérieux pour parvenir à un cessez-le-feu ou même à une diminution rapide de la violence», a-t-il dit. L'opposition des Etats-Unis a empêché jusqu'à présent le Conseil de sécurité d'exiger un cessez-le-feu. L'ambassadeur américain John Bolton, tout en indiquant qu'il étudierait les propositions de M. Annan, n'a pas paru beaucoup plus ouvert à cette idée jeudi. «Nous voulons assister à la fin de la violence», a fait savoir de son côté le département d'Etat américain. Cependant, les Etats-Unis excluent l'idée d'un cessez-le-feu conclu trop hâtivement. «Nous ne voulons pas la répétition d'un cessez-le-feu qui permettrait au Hezbollah de se regrouper, se réarmer, se renforcer et de présenter une menace encore plus importante pour la stabilité de la région», a expliqué le porte-parole du département d'Etat. «Un cessez-le-feu est un terme très spécifique (car il) implique une sorte de statut temporaire», a précisé sous le couvert de l'anonymat un autre haut responsable du département d'Etat. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui a indiqué qu'elle se rendrait dans la région lorsque les conditions seraient à ses yeux «propices», n'a pas précisé la date de son déplacement. Elle devait s'entretenir également avec le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana. Ce dernier, rentré mercredi d'un voyage en Israël et à Ghaza, a émis l'espoir d'une «fin des hostilités et d'un début de solution politique avant la fin de la semaine prochaine». Depuis le 14 juillet, le Conseil de sécurité s'est réuni à trois reprises sur la crise au Liban, sans parvenir à une prise de position commune en raison des réticences américaines à appeler à un cessez-le-feu. Les signaux envoyés par les responsables américains tentent à confirmer que Washington a décidé d'accorder un certain délai à l'armée israélienne pour remplir les objectifs militaires qu'elle se serait fixés contre le Hezbollah au Liban. Tony Blair a pour sa part endossé, mercredi, l'approche américaine, déclarant que les opérations israéliennes s'arrêteraient «si les soldats qui ont été enlevés par le Hezbollah étaient libérés» et «si les roquettes arrêtaient de tomber sur Haïfa». L'administration américaine semble privilégier une action diplomatique émanant de ses alliés arabes. «Les Etats de la région vont jouer un rôle critique, des Etats comme l'Arabie Saoudite, l'Egypte, la Jordanie», a déclaré le département d'Etat, espérant que ces pays feront pression sur la Syrie et l'Iran, proches du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien. C'est la fameuse solution globale pour on ne sait quel objectif. Sauf à pacifier la région du Proche-Orient, avec cette fois une approche plus globale, car elle inclurait d'autres sphères géographiques et d'autres intérêts. Autrement, le statu quo faisait l'affaire sauf pour les Palestiniens et les Libanais qui aspirent à la liberté et à la totale souveraineté.