La présidence ougandaise a annoncé, dans un communiqué, que le président soudanais Omar El-Bachir ne sera pas invité au prochain sommet de l'Union africaine à Kampala. Aux yeux des observateurs, la décision ougandaise témoigne du poids de la Cour pénale internationale en Afrique. Et pourtant, le président soudanais a été réélu, bien qu'il soit sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, sous la surveillance de représentants de l'Union africaine ainsi que de pays occidentaux, ceux-là même qui avaient actionné la CPI contre l'ex-général. La position adoptée par le président Yoweri Museveni contredit la rhétorique triomphaliste qu'El-Bachir avait adoptée à Syrte en Libye, lors d'un précédent sommet de l'UA au début de l'été 2009. “Le président soudanais avait assisté à ce sommet où les Etats africains avaient décidé de ne pas coopérer avec la CPI pour son arrestation. Et le maître de Khartoum n'avait pas manqué de se moquer de la cour internationale, voire de provoquer ses juges les accusant d'être à la solde du néocolonialisme ! Pour les juges de la CPI, l'attitude de l'Ouganda exprime la tendance que des Etats en Afrique commencent” à se ranger du côté de la responsabilité et de la fin de l'impunité et, selon eux, la force morale du droit international est bien partie pour s'imposer en Afrique et combattre l'impunité pour les crimes les plus terribles. Il faut dire que le 31 mai, Ban Ki-moon de l'Onu avait ouvert à Kampala, capitale de l'Ouganda, la première conférence d'examen de la CPI qui fêtait ses dix années d'existence. Affirmant que “l'ère de l'impunité doit se terminer”, le SG de l'Onu a estimé que la conférence de Kampala était une grande occasion pour renforcer la volonté collective des nations de ne pas laisser impunis les crimes. Ban Ki-moon devait par la suite regagner Nice, dans le sud-est de la France, où il a assisté au sommet franco-africain et où il a été également question de bonne gouvernance. Le président soudanais n'a pas été convié à la messe franco-africaine pour ses démêlés avec la CPI. Dans quelques jours, le SG de l'Onu sera en Afrique du Sud pour assister au coup d'envoi de la Coupe du monde de football qui sera, a-t-il dit, “un hommage fabuleux au talent et au potentiel de l'Afrique”. Un événement auquel ne prendra part le président soudanais. “Si Omar El-Bachir vient en Afrique du Sud pour la Coupe du monde de football, il pourrait bien se retrouver derrière les barreaux”, a déclaré le président Jacob Zuma qui a invité tous ses homologues du continent à assister au coup d'envoi de la fête mondiale du foot. Omar El-Bachir n'a pas été invité. “L'Afrique du Sud respecte le droit international et, en tant que signataires des traités, nous appliquerons la loi”, c'est ce qu'a dit Jacob Zuma lors d'un débat dans son Parlement. Ce n'est pas la première fois que l'Afrique du Sud a à faire avec le cas Omar El-Bachir. Déjà, lors de l'investiture de Jacob Zuma, Pretoria avait indiqué que le chef de l'Etat soudanais pourrait être arrêté s'il venait sur le sol sud-africain. Mais cette fois, le cas est évoqué par le président en personne. Pour Pretoria, “l'application de ce mandat est une obligation légale des Etats”, une attitude ferme, plus que celle de Thabo Mbeki, l'ancien président sud-africain, nommé médiateur dans le conflit au Darfour. L'Afrique du Sud, l'Ouganda et le Botswana font partie des rares pays du continent qui ont publiquement appuyé la CPI dans cette affaire. La plupart des pays sont restés discrets, hormis quelques Etats comme la Lybie qui ont apporté leur soutien au président soudanais. L'Union africaine a désapprouvé le mandat d'arrêt.