Le retour pur et simple au samedi-dimanche pour les plus radicaux ou un aménagement en vendredi-samedi pour ceux qui pensent pouvoir concilier l'efficacité économique et la ferveur religieuse, la question du week-end ne laisse froid aucun syndicat patronal, tous convaincus que le repos hebdomadaire tel qu'organisé par un décret présidentiel datant de 1976, pose problème par son anachronisme et ses manques à gagner économiques et financiers. Si l'anachronisme du week-end algérien saute aux yeux du commun des observateurs en ce sens qu'il va à contre-courant de la mondialisation, le préjudice économique et financier n'est, par contre, pas cerné avec suffisamment d'exactitude, les pertes supposées allant de 750 millions de dollars par an, selon le Cnes, à 4 milliards de dollars, selon l'estimation de la Banque mondiale. Le consensus des opérateurs économiques s'est de ce fait réalisé autour de la nécessité d'opérer un changement dans l'organisation du repos hebdomadaire pour que la croissance économique puisse être forte et durable. Dans son organisation actuelle, le week-end algérien réduit, non seulement notre économie à fonctionner avec le reste du monde que 3 jours par semaine (les jeudi, vendredi étant chômés dans notre pays et le samedi, dimanche chez l'écrasante majorité de nos partenaires étrangers), mais également, à fonctionner de façon anarchique comme c'est le cas avec des douanes qui ne travaillent pas le jeudi tandis que les banques sont ouvertes et qu'elles ne travaillent pas le samedi, alors que les services des douanes sont ouverts. Autant de jours perdus pour l'économie algérienne. Les décalages horaires avec les pays partenaires et les fêtes nationales qui empiètent sur les jours ouvrables exacerbent encore davantage les inconvénients dans les relations commerciales qu'entretient l'Algérie avec le reste du monde. C'est pourquoi le forum des chefs d'entreprise et pratiquement toutes les organisations patronales pensent qu'il est temps, aujourd'hui, de changer les choses. Changer le cours des choses est d'autant plus nécessaire que l'instauration en 1976 du week-end actuel, ne repose sur aucun argument d'ordre économique et encore moins religieux, étant entendu qu'aucun texte fondateur de l'Islam n'interdit à un musulman de travailler le vendredi, le temps de prière collective, pour ceux qui la pratiquent, n'étant limité qu'à quelques heures de l'après-midi. Il est tout à fait certain qu'en l'état actuel des choses, l'Algérie ne dispose ni d'une rente financière suffisante pour se permettre de travailler à son rythme ni d'atouts économiques extraordinaires lui permettant de se comporter de façon marginale avec ses partenaires étrangers. Les débats qui ont suivi la conférence de Omar Ramdane ont mis en exergue la nécessité d'évaluer par secteur d'activité économique les préjudices subis par chacun d'eux. Seule une telle évaluation est de nature à mettre les autorités politiques algériennes face à leurs responsabilités, les retombées du week-end actuel étant réellement désastreuses pour certains secteurs. Il y a également nécessité de développer les activités de production et d'exportation hors hydrocarbures car, estime à juste titre un intervenant, tant que l'Algérie tirera l'essentiel de sa richesse des exportations d'hydrocarbures, que l'organisation actuelle du week-end ne dérange nullement, l'autorité politique n'éprouvera jamais le besoin de revenir au week-end universel. D'autant plus qu'un tel changement lui fait courir un risque politique (réaction des partis islamistes), voire même social, la société algérienne s'étant organisée en fonction du week-end actuel, vieux de 30 ans.