Il y a d'abord l'appel de Louisa Hanoune, candidate du Parti des travailleurs, adressé aux jeunes de Médéa : « Assez ! C'est votre pays, vos richesses, votre argent qu'il faut protéger. Restez-y et défendez les pour concrétiser le changement. » Ensuite, c'est Fawzi Rebaïne, candidat du parti Ahd 54, qui tente de remonter le moral aux jeunes de Skikda : « Il ne faut pas désespérer. » Djahid Younsi, candidat d'El Islah, a dénoncé l'incrimination des jeunes harraga. « Ces jeunes qui s'aventurent en mer en quête d'une situation meilleure sont victimes de pratiques et de politiques infructueuses, dont les responsables doivent rendre des comptes au lieu d'incriminer ces jeunes et de les jeter en prison », a-t-il dit à Bordj Bou Arréridj. Moussa Touati, candidat du Front national algérien, n'est pas loin. A Blida, il a promis de créer des emplois permanents pour les jeunes. « 3000 DA par mois n'est pas un salaire ni un emploi », a-t-il dénoncé. Mohamed Saïd est sur la même ligne : « Mon message est de dire aux jeunes que le changement est possible, que nous refusons la situation actuelle du pays », a-t-il annoncé à Tizi Ouzou. A Annaba, Moussa Touati s'est interrogé : « Est-ce que l'Algérie est devenue incapable de constituer une patrie pour ses enfants ? » Annaba comme Aïn Témouchent et Mostaganem sont des « bases » de départ des jeunes harraga. Djahid Younsi a pleuré lorsqu'il a évoqué le cas de centaines de cadavres de harraga conservés dans des morgues en Espagne et en Italie. Il a dénoncé le fait que l'Etat algérien ne fait rien pour les récupérer ou au moins informer les familles. Et Bouteflika alors ? Pas un mot sur les harraga. A Béchar, il a eu cet appel : « Le moment est venu pour que les jeunes prennent le relais. » Oui, mais comment ? Le renouvellement des élites ne fait pas encore débat national. Et la génération qui gouverne est la même depuis cinquante ans ! En termes soignés Rebaïne et Younsi ont rappelé Bouteflika qu'en la matière, il devrait joindre l'acte à la parole ! Dans son programme électoral du président sortant, il y a cette ligne presque orpheline : « Je resterai attaché à la prise en charge des attentes de la jeunesse. » Louisa Hanoune propose de faire baisser l'âge de vote à 16 ans, Djahid Younsi et Moussa Touati suggèrent de réduire le service militaire à six mois, au lieu des 18 mois actuels. L'appel des harraga a-t-il enfin été entendu ? A première vue oui. Tout le monde, mis à part Bouteflika, insiste sur « la rupture », « le changement » et « la faillite des dirigeants actuels ». Exemple : Mohamed Saïd promet, s'il est élu, « d'écouter le peuple et de l'impliquer dans les prises de décision ». Reste que les 21-40 ans est, selon les chiffres officiels, la tranche la plus importante du corps électoral, avec 46%, soit plus de 9,5 millions d'électeurs. L'intérêt pour les jeunes se comprend donc. Théoriquement, si les jeunes n'iront pas voter massivement le 9 avril, aucun candidat ne peut prétendre à la magistrature suprême...