Les quatre élus, convoqués pour comparaître devant une commission de discipline, avec le risque d'une levée de couleurs politiques, payent ainsi leur «entêtement incompréhensible à persister dans leur refus d'accepter un projet qui dispose de toutes les autorisations administratives». C'est ce que souligne le bureau régional du RCD Béjaïa dans une déclaration signée, jeudi dernier, de son président, docteur Kessas. On l'aura compris, cette «mesure conservatrice» n'est autre qu'un prolongement de l'affaire Alexo qui, décidément, confirme là ses forts relents politiques. Cette décision du parti intervient quelques jours à peine après que la direction de cette entreprise ne décide de mettre en congé forcé la majorité de ses travailleurs «au regard de la situation de blocage qui prévaut au sein de l'unité» avec un préavis de fermeture «en cas d'absence de solution pour raccordement en gaz naturel». Le RCD, qui s'est longtemps abstenu de s'exprimer publiquement sur le conflit, a pris le soin de faire parvenir son soutien aux responsables d'Alexo, en désavouant de la sorte ses propres élus. «Vous pouvez demander l'avis de Ferdjellah (le nÞ2 du RCD, ndlr)», nous avait dit, début septembre dernier, M. Aberkane, le PDG d'Alexo est rassuré déjà de l'appui du parti de Saïd Sadi, qui a effectué ce week-end une sortie aussi tonitruante que déconcertante. «Cela fait des mois que les instances nationales et régionales du Rassemblement interpellent les élus de l'APC d'Amizour afin de les convaincre de lever les contraintes qui bloquent un projet d'investissement privé d'extrusion de profilé d'aluminium monté en partenariat avec une société publique de wilaya», est-il écrit dans la déclaration. Ainsi, le parti de Saïd Sadi dit être conforté dans sa démarche par une expertise pluridisciplinaire diligentée par le ministère de l'Environnement qui stipule «clairement que cette activité ne génère aucune pollution pouvant porter atteinte à l'environnement immédiat, que l'impact sur celui-ci est quasiment nul ». C'est ce à quoi a conclu, en effet, le 19 avril dernier, la direction de l'environnement en se référant, toutefois, à un «travail mécanique des métaux (découpe de l'aluminium)» et en s'abstenant, cependant, de conclure à un impact totalement nul comme l'a fait un bureau d'études (Archi-Pro Béjaïa) qui, lui, ne s'est pas empêché, pourtant, de faire mention de l'utilisation de produits chimiques en poudre, acides, alcalins… «Parmi les matières premières qui seront employées figurent des produits qui sont composés de substances suivantes : acide fluorhydrique, acide phosphorique, acide fluor titane … », est-il souligné dans le rapport de ce bureau d'architecture et d'urbanisme. A la lumière de sa déclaration, le RCD semble se suffire de la seule conclusion d'une enquête administrative pour décider de suspendre ces élus et étrangement, ne souffle mot sur le point nodal de l'affaire Alexo et qui est lié à la non-conformité de l'unité au OPS. Un sérieux problème qui a, pour rappel, induit, en plus de l'avis défavorable de la DUC, le refus du wali d'établir l'autorisation d'exploitation. Un refus qui, faut-il le noter, a amené M. Aberkane à saisir la justice, accusant le wali de «refuser d'accompagner un projet décidé par une résolution de deux plus importantes institutions économiques de l'Etat, à savoir le CPE et CNL». En tout cas, le RCD, lui, le fait. Il lâche ses élus pour, écrit-il, «des raisons d'éthique et de souci économique» qui font qu'il «ne saurait cautionner une démarche contraire à ses options stratégiques, sans risquer de le mettre en porte-à-faux avec la corporation des opérateurs économiques et de l'opinion publique».