Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) est en butte à des frictions internes qui le menacent dans sa cohésion à Béjaïa. La crise couve et le climat délétère a été plus que perceptible, jeudi dernier, à l'occasion de la rencontre qui a réuni au collège de l'UGTA, dans la ville de Béjaïa, les élus des deux wilayas, Béjaïa et Bouira, autour d'une réunion présidée par le chef du parti et dont les travaux ont été précédés par des incidents houleux sur la place publique même, où l'on a failli en venir aux mains. Des militants, ceux du conseil communal d'Amizour, venus exposer essentiellement le point chaud de l'unité Alexo, se sont rebiffés suite à la fin de non-recevoir qui a été réservée à leur demande d'audience avec le Dr Sadi. Le « refus » a laissé place à des altercations verbales des uns, qui n'ont pas accepté leur rabrouement et qui l'ont crié dans des slogans hostiles au parti, et des autres, qui ont vu en face un mouvement de « chahuteurs », pis, des velléités de « coup d'Etat ». Sadi et le groupe de militants en colère se sont échangé des mots durs, à l'entrée du collège de l'UGTA comme jamais auparavant. Le rendez-vous a failli mal tourner et la tension est montée d'un cran jusqu'à nécessiter la présence des forces de l'ordre. Encore une fois, la tension est née dans l'ombre de la très controversée unité d'extrusion de profilé aluminium d'Amizour qui, décidément, divise plus que jamais le parti de Saïd Sadi, auteur, pour rappel, d'une décision de suspension de ses quatre élus à l'APC, dont le président. Le leader du RCD qui a présidé la rencontre organique, à huis clos et sans la présence de la totalité des élus du parti, a réaffirmé le soutien du parti au projet d'Alexo. « Le RCD, qui a pris ses responsabilités en se délestant de sa majorité à l'APC d'Amizour, attend des pouvoirs publics qu'ils fassent de même en rendant à la population d'Amizour son projet et surtout en levant les protections qui empêchent l'exécution des décisions de justice rendues contre l'APC dans cette affaire », confirme une déclaration du bureau régional rendue à l'issue de la réunion organique. Une défense que ses élus s'engagent à assurer au niveau de l'APW en se refusant toujours à porter le débat sur l'aspect réglementaire du dossier. Le « quitus » du ministère de l'Environnement suffit pour le moment au bureau régional qui met en garde contre « les élucubrations mensongères du P/APC et de ses compères qui, faute d'arguments convaincants, tentent d'abuser l'opinion ». Saïd Sadi assume pleinement cette position que de nombreux élus et militants ne veulent pas partager. Ceux-là mêmes que le communiqué du bureau régional évoque : « La même démarche, dont les desseins restent à élucider, a été tentée à l'intérieur du parti mais elle s'est vite heurtée à la vigilance et à la détermination sans faille des militants. » Au moins une dizaine d'élus des communes d'El Kseur, Fenaïa, Timzerit et Feraoune ont signé un document, dans lequel ils demandent l'installation d'une commission que composeront les P/APC du RCD dans la wilaya, limités désormais à quatre après la suspension de celui d'Amizour, et éventuellement leurs vice-adjoints. Le groupe qui défend les élus suspendus et souligne « le flou et l'opacité entourant cette affaire », assigne à cette commission « la tâche unique d'étudier ce problème et les faits reprochés à ces élus et de trouver le meilleur règlement à ce problème qui risque de briser l'élan que nous avons pu, au prix d'énormes sacrifices, donner à notre parti dans la wilaya ». Adressé au président du parti ainsi qu'au secrétaire national chargé des élus, le document n'a finalement pas pu être lu, comme espéré, lors de la réunion de jeudi. Une deuxième lettre recommandant une réunion des exécutifs communaux autour du même sujet est partie d'El Kseur dont les trois élus sur les quatre au niveau de I'APC auraient écourté leur présence à la réunion d'avant-hier, notent des militants de cette commune. Durant la même journée de jeudi, un groupe de militants et d'élus se sont réunis à Amizour pour tenter une mobilisation dans le parti autour « du meilleur moyen à même de régler localement le problème d'Amizour ».