La nuit, tous les chats sont gris et, à Boudjima, ils sont surtout potentiellement agressifs. Les vols suivis d'agressions, de violence et le tapage nocturne sont le lot quotidien de la population. Aujourd'hui la localité est prise en otage par les délinquants de tous bords qui lui font subir leur diktat loin des regards de la force publique. Sur la carte sécuritaire nationale le nom de Boudjima ne figure plus, surtout depuis le départ de la gendarmerie, il y a trois ans, suite à la délocalisation des brigades après les événements du printemps noir de Kabylie. Le pourrissement de la situation sécuritaire résultant du traitement de la crise en haut lieu, est telle que le maffioso local a pris, sans inquiétude aucune, la place du criminel du GSPC. Depuis que la peur du gendarme a disparu, la population assiste, impuissante, à la montée en puissance de nombreux groupes mafieux qui sont derrière la généralisation de la consommation de drogue dans les milieux défavorisés, la prolifération des débits de boissons alcoolisées illégaux, les agressions et les vols…Durant l'été passé, les services de sécurité ont même démantelé un réseau spécialisé dans le vol de véhicules, qui a fait de nombreuses victimes dans les environs de la ville balnéaire de Tigzirt-sur-mer. Les délinquants prennent le contrôle de Boudjima dès la nuit tombée et toute personne qui s'aventure loin de chez elle se retrouve être forcément une proie potentielle. De notoriété, il est déconseillé de passer la nuit à proximité des locaux abandonnés ou en chantier et les places publiques. Parfois des agressions ont lieu en plein jour. En effet, un pharmacien a été agressé par un groupe de malfaiteurs qui voulait le contenu de sa caisse au chef-lieu de la commune. Les agresseurs ont tenté de l'égorger et il n'a dû son salut qu'à sa résistance héroïque. Cette tentative de crime sur un homme estimé de tous pour ses services avait choqué toute la population. Le 20 août dernier, l'école primaire Isseradjen a fait les frais d'un passage des malfaiteurs. La virée des bandits s'est terminée par une facture salée. Les autorités locales, comme les comités de villages, ont demandé l'affectation d'au moins un détachement des gardes communaux pour sécuriser ne serait-ce que les édifices publics comme la poste, le siège de l'APC et les infrastructures éducatives. La demande date de plusieurs mois et à ce jour aucune réponse n'est parvenue sur le bureau du P/APC.