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Nouveaux enjeux économiques
Publié dans El Watan le 08 - 11 - 2006

Il faut bien admettre que les taux d'intérêt à long terme aux Etats-Unis d'Amérique voisins de 4% sont désormais inférieurs au fameux taux directeur de la Federal Reserve réajusté à 5,25% et les investisseurs devraient liquider leurs portefeuilles en dollars pour provoquer la remontée des taux. Leur position actuelle pourrait paraître refléter une forme d'irrationalité puisqu'ils conservent leurs avoirs à long terme malgré le préjudice subi.
De la même manière, l'outil de négociation majeur des pays pétroliers se trouve réclamé par les Etats-Unis d'Amérique sans pour autant offrir une compensation ou une contrepartie convenable. Ces faits illustrent bien les limites de l'analyse économique traditionnelle fondée sur le marché et sa régulation et le caractère mou de nombreux concepts utilisés qui n'ont pas résisté à l'usage et doivent être nécessairement réadaptés au nouveau contexte pour leur réhabilitation au plan sémantique. Deux concepts semblent avoir particulièrement subi l'érosion du temps : le premier concerne la souveraineté et le second la propriété.
Nous sommes aujourd'hui très loin de la fameuse résolution 1803 des Nations unies relative aux ressources naturelles à l'occasion du sommet de New York d'avril 1974 qui consacrait une longue évolution des revendications de développement avec un rôle exemplaire de l'Algérie. De plus, la conception juridique de la propriété consacrait la volonté de protéger les jeunes nations et excluait une conception économique de la propriété fondée sur les concessions.
L'erreur d'analyse aujourd'hui serait d'utiliser les acceptions des concepts cités et donnerait des incohérences dues à une conceptualisation dépassée. Notre objet consiste à tenter de contribuer à une meilleure surveillance de ce glissement pour une meilleure préservation des intérêts à long terme sans pour autant nier un mouvement historique marqué par «la nature humaine qui élargit sans cesse la domination des autres pour les puissants ou se limite à la survie par une adaptation continue sans renoncement aux convictions pour les moins nantis». Notre propos s'articulera autour de deux axes : le premier portera sur l'illusion de marché et la région Pacifique, le second concernera l'utilisation de l'énergie (le golfe Persique et le pétrole).
a) L'illusion du marché
Les Anglo-Saxons et les Chinois semblent s'accorder sur la définition du marché basée sur la négociation et la recherche d'un équilibre pour préserver les intérêts des acteurs. Ainsi, l'économie américaine, qui accuse désormais un déficit de la balance des paiements courant annuel voisin du PIB de l'ensemble des pays africains, ne semble pas être perturbée par cette remise en cause des «fondamentaux économiques» dans la mesure où les pays d'Asie du Sud-Est et à leur tête la Chine n'hésitent pas à placer une partie importante de leurs énormes réserves de change (près de 2000 milliards de dollars) en bons de Trésor US et à soutenir ainsi les taux d'intérêt à long terme aux USA et le marché hypothécaire en augmentant les capacités d'endettement des ménages et le développement du marché de l'immobilier.
En termes simples, le citoyen américain dépense plus parce que la valeur de son logement augmente et lui donne la possibilité de s'endetter. Le paradoxe apparent réside cependant dans le fait que les taux à court terme aux Etats-Unis
d'Amérique deviennent supérieurs de plus de 1% aux taux à long terme. Pour les puristes, il pourrait s'agir d'une hérésie mais en réalité elle correspond bien à une rationalité saisissable à un niveau plus élevé. Les pays d'Asie du Sud-Est sont donc les premiers soutiens du dollar US pour une meilleure croissance aux Etats-Unis d'Amérique entretenue par une demande interne financée par le crédit. Ce qui permet à la Chine et autres pays de l'Asie du Sud-Est de maintenir le niveau élevé de leurs exportations aux USA. En quelque sorte, les Chinois acceptent un léger sacrifice pour préserver l'équilibre avec leur partenaire.
Il est bien évident que cette situation n'a rien à voir avec le marché et ses règles de fonctionnement mais il s'agit bien de deux économies solidaires avec deux moteurs complémentaires, l'un pour la production (Chine et régions) et le second pour la consommation (Etats-Unis d'Amérique). De plus, nous notons que les Américains renforcent leur hégémonie dans la mesure où le dollar continue à être le plus courtisé et il s'agit bien du principal support du marché que constitue le pouvoir d'achat sans lequel il ne peut y avoir de transaction. Contrairement aux croyances de certains Européens confrontés à l'insuffisance de la flexibilité de leur économie, cet équilibre pourrait être durable et se consoliderait par cette forme d'autorégulation dans la mesure où la meilleure autorité de régulation demeure celle qui n'a pas besoin de s'exercer. Nous sommes relativement éloignés des fondamentaux en économie, mais il s'agit bien d'une nouvelle forme de rationalité.
b) La souveraineté limitée
A cette illusion du marché s'ajoute la consécration d'une conception économique de la propriété qui se substitue à la conception juridique. Ce glissement se trouve d'ailleurs facilité par une définition laxiste de la souveraineté tenant compte des impératifs dus à l'épuisement des réserves d'hydrocarbures et à leur non-renouvellement (Peak Oil). Toute la démarche US, notamment celle du Parti républicain, se trouve marquée par cette volonté de contrôler l'approvisionnement énergétique mondial et il suffit de noter la présence des «Texans» et les gros actionnaires des sociétés pétrolières dans les sphères d'influence de la Maison-Blanche pour se rendre compte de ce catalyseur pétrolier. Les déclarations maladroites de l'ancien secrétaire d'Etat à l'énergie, Richardson, qui avait affirmé que le juste prix du pétrole devait se situer autour de 18 dollars (1996) ont suscité les remarques subtiles de certains économistes détenteurs du Prix Nobel comme J. Baker qui avait invité le ministre bavard à donner également le prix juste du blé, de l'acier et d'autres produits…
Il est clair aujourd'hui que le prix du baril de pétrole reste très bas pour deux raisons essentielles. La première due au non-renouvellement des réserves et la seconde à la taxation excessive par les gouvernements des pays consommateurs des prix de l'essence à la pompe dans la mesure où les taxes peuvent atteindre 90% du prix à la pompe et les gouvernements se refuse à envisager leur réduction. Il s'agit d'une preuve intangible que le pétrole est vendu à un prix très bas par les producteurs. La politique énergétique algérienne a, de ce point de vue, toujours été considérée comme exemplaire par l'ensemble des acteurs concernés dans la mesure où elle est empreinte d'un réalisme et d'une flexibilité qui constituent les marques de grands négociateurs.
En 1969, l'Algérie négociait avec des partenaires US de grands projets de liquéfaction de gaz (pionnier en la matière) alors que les relations diplomatiques étaient gelées entre les deux pays. Au début des années 1980, le gazoduc transméditerranéen renforçait la présence du gaz algérien en Europe. Ces décisions permettaient ensuite à l'Algérie d'être un grand fournisseur de gaz après ces investissements colossaux alors que d'autres pays gaziers plus pourvus que l'Algérie n'étaient pas présents au niveau de l'offre, car ils n'avaient pas entrepris des investissements nécessaires dans ce domaine.
En 1986, l'Algérie avait également adopté une loi qui a suscité des critiques les plus véhémentes mais qui avait en définitive augmenté de manière substantielle les réserves récupérables grâce aux découvertes, et la loi de 1991 avait également apporté les corrections pour une meilleure adaptation à l'environnement en l'étendant aux gisements existants et aux hydrocarbures gazeux.
A la fin des années 1990, les problèmes sécuritaires prenaient une place déterminante dans le monde et réduisaient les analyses économiques à des incompréhensions diverses d'autant plus que les USA avaient largement modifié leur position par rapport aux «gouvernements amis» du Moyen-Orient qui se retrouvaient sans repères et avec une rare fragilité.
Dans ce contexte marqué par un pouvoir de négociation extrêmement réduit de ces gouvernements, les USA se prévalaient d'un retour aux concessions pour soutenir la recherche et l'exploration des hydrocarbures. Or ces gouvernements ont bien compris que leur argumentation essentielle demeure être basée sur le pétrole. Il serait peu judicieux de s'en séparer au cours d'une période marquée par les incertitudes sur leur avenir. De la même manière, l'administration de Baghdad se trouvait réticente à un retour aux concessions car elle a bien compris qu'en l'absence d'une légitimité interne et d'un soutien externe sans marchandage, sa seule utilité se situera au niveau de sa présence dans le secteur pétrolier.
Or nous savons aujourd'hui que la dimension pétrolière a constitué une variable déterminante pour l'intervention américaine en Irak qui devait, d'ailleurs, être étendue à d'autres pays de l'aveu même de l'Administration US. Le plan US dans ce domaine se trouve en quelque sorte ralenti dans les meilleurs cas et contrecarré au pire.
Ainsi, la loi algérienne très controversée sur les hydrocarbures (2005) n'était pas destinée à un usage interne mais devait fournir les clés de concessions au Moyen-Orient grâce à la crédibilité de l'Algérie. Sa non-utilisation et la non-concrétisation des projets US cités dessus rendaient l'initiative prise par cette loi comme caduque et désuète. Les importants amendements en 2006 de cette loi consacraient un retour à la case départ en renforçant même le pouvoir de négociation de l'opérateur national.
Nous avons ici un cas d'une valeur inestimable qui exprime un modèle de négociation dans un environnement hostile. Le négociateur algérien a conservé sa crédibilité vis-à-vis du partenaire US, a évité des réactions imprévues et un scénario catastrophe, a élargi son audience internationale à travers sa présence et a renforcé sa position de négociation vis-à-vis de l'extérieur en retrouvant une meilleure souveraineté sur ses réserves d'hydrocarbures. Il faut, toutefois, noter que les retombées positives de cette approche peuvent être réduites par des incohérences dues à un appareil d'exécution toujours inefficient et parfois inefficace, car la problématique se situe d'ailleurs au niveau du potentiel technologique de la Société nationale d'hydrocarbures et son évolution.
Il semble bien admis que le renouvellement des cadres dirigeants pourrait poser des problèmes aux décideurs et limiter leurs choix. Pour les autres secteurs, la volonté d'un meilleur contrôle des dépenses d'équipement pourrait être salutaire en accordant davantage de place à l'ingénierie pour la promotion d'une élite nationale car le débat se situe à ce niveau. La promotion des élites et leur conservation restent des enjeux majeurs non négociables, car la non-participation des compétences nationales pour l'apprentissage ne serait pas raisonnable. A ce propos, les grandes compagnies comme Toyota favorisent des avis contraires de leurs cadres supérieurs en aiguisant leur sens de critique et en suscitant les idées nouvelles. D'ailleurs, dès que deux cadres supérieurs ont toujours le même avis sur une question, l'un des deux est remercié car on considère que son cerveau ne sert plus à grand-chose. Or nous assistons à l'approche inverse dans de nombreux pays arabes. De la même manière, la participation à la décision collective et la responsabilisation de tous les agents associés à la réalisation de l'objectif défini demeurent être les préoccupations majeures des spécialistes de management qui n'hésitent plus à rechercher des solutions recueillies même dans les disciplines sportives pour la motivation de leurs agents.
Nous avons un sujet de méditation pour éviter que les «pseudo-responsables» techniques soient contraints de se substituer à l'ensemble d'encadrement. Il s'agit bien de rechercher un «large consensus autour d'exigences minimales», car la fuite en avant et la déresponsabilisation des cadres a des effets désastreux sur l'évolution à long terme et bloque la constitution d'élites.
Au niveau de la haute stratégie, l'Algérie semble constituer une qualité sui generis et il s'agit de diffuser les effets dans la mise en œuvre. Il ne serait pas inutile d'évaluer le nombre de cadres de haut niveau compétitifs selon les critères de la concurrence internationale dans les différentes disciplines actuellement en exercice en Algérie, faire des projections ensuite en 2030 et relever les écarts par rapport aux données des années 1970 car l'égalitarisme des cadres sans motivation à l'excellence pourrait engendrer des effets pervers très préjudiciables que l'ouverture internationale du secteur des services et le rétablissement des standards non négociables devraient limiter.
En conclusion, cette dichotomie entre la conception et la mise en œuvre semble accentuée par le divorce entre l'encadrement d'hier et sa relève d'aujourd'hui au moment même où le management des talents prend le relais du management des compétences dans le monde.
L'auteur est : Professeur à l'université d'Alger


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