Mohamed Hammoum est un sportif peu ordinaire. D'abord de par son âge (82 ans), sa longévité (55 ans) dans la pratique de son sport favori (le karaté), les grades (ceintures) auxquels il a accédé, ceinture noire 7e Dan en 2018 décrochée alors qu'il est âgé de 82 ans, sans oublier les cinq mandats de président de la section karaté qu'il a accomplis à la tête de la section au niveau de l'association d'Alger Centre. Ce jeune homme toujours alerte, bon pied bon œil, avec un physique de jeune premier, n'a pas encore assouvi sa passion pour ce sport qu'il fait tout pour transmettre aux jeunes athlètes qui fréquentent la salle de la rue Mogador où il distille ses connaissances et sa science trois fois par semaine. Pour son fidèle ami Hamid Silem, «Mohamed Hammoum a toujours été habité par la passion du karaté qu'il fait tout, aujourd'hui, pour enseigner aux jeunes garçons et filles qui s'entraînent sous ses ordres. C'est un modèle. Il arrive avant tout le monde, prépare soigneusement sa séance d'entraînement, apprend aux jeunes à bien faire les exercices d'échauffement et surtout à maîtriser leur corps. C'est essentiel pour réussir dans ce sport». Mohamed Hammoum a effectué ses premiers pas dans les arts martiaux sous la direction du Français Lucien Vernier à Alger. A l'époque, il était âgé de 32 ans. Au lendemain de la réforme de 1977, il a pris sous sa coupe la section karaté de l'ARBEE (Alger-Centre), après avoir passé plusieurs années à entraîner l'AS Mairie. Il détient le diplôme d'éducateur 3e degré. Il a formé plus de 600 athlètes. A l'ARBEE, il encadre plus de 150 enfants (filles et garçons) par an. Certains qui sont passés par la formation qu'il a prodiguée dans la salle Mogador sont devenus des entraîneurs au profil très encourageant. Interrogé sur le secret de sa longévité, Mohamed Hammoum répond : «En karaté, comme dans tous les autres sports, il n'y a aucun secret dans la réussite d'un individu. A la base, il y a le travail, le sérieux, l'assiduité, l'abnégation, la passion, l'amour du sport. Rabah Achour nous a inoculé le virus du karaté à moi et à mon frère Hamid Silem. Lorsqu'il est parti s'installer à Tizi Ouzou, Hamid et moi avons pris la relève et fait bon usage de tout ce qu'il nous a appris au cours des longues années que nous avons passées à ses côtés».Mohamed Hammoum a beaucoup de mérite en continuant à enseigner les rudiments et techniques de ce beau sport. En 1997, il a été contraint de passer sur le billard pour faire face à de sérieux soucis de santé. Un autre à sa place aurait gardé le lit qu'il n'aurait échangé que contre un fauteuil. Lui, il a décidé de re-descendre sur le tapis pour continuer à encadrer les enfants pour leur enseigner «l'art éducatif et mental qu'est ce sport». Sur les motivations de sa présence dans la salle de sport au milieu de centaines de jeunes enfants, mais aussi une poignée de personnes âgées qui viennent s'entraîner sous sa coupe, Mohamed Hammoum explique : «Nous assurons une bonne formation aux jeunes qui fréquentent notre salle. Nous leur donnons les bases de ce sport et arrachons le maximum de gosses aux fléaux de la rue. La compétition et tout ce qui va avec, ce n'est pas notre objectif». Lors de son dernier passage à Alger avant sa disparition, Tamoura, élève du maître et fondateur de l'aikido, M. Urichiba, nous a dit : «Il n'est pas facile d'enseigner cet art aux enfants. Cela requiert beaucoup de qualités pour le faire, à savoir une profonde connaissance de tous les secrets de ce sport, la passion, la patience, savoir bien communiquer et écouter, la disponibilité…, des choses pas faciles à réunir en même temps.» Mohamed Hammoum et son ami Hamid Silem se sont fixé un dernier objectif avant de quitter la scène : confier le flambeau à la jeune génération qu'ils ont formée à Alger