Le tribunal de Bordj Bou Arréridj vient de rendre son verdict : le responsable de la mort de deux êtres humains, en l'occurrence notre frère et collègue Nabil Lalmi et son fils Akram, a écopé de six mois de prison ferme et du retrait de permis pour une année. Pour rappel, ils ont trouvé la mort dimanche 8 février 2009 par la faute d'un chauffard de camion qui roulait à vive allure. La sentence de cette première instance ne sera pas la dernière puisque la famille de Nabil et son avocat ont décidé de faire appel et de continuer le combat afin que justice soit rendue à toutes les victimes de la route. En faisant une simple opération de calcul, l'on se rend vite compte que pour une vie brisée, l'on n'en a que pour trois mois de prison. La famille et les proches, qui n'ont toujours pas fait leur deuil, sont, le moins que l'on puisse dire, indignés. Ces derniers, dont la vie a basculé, pensent aux autres Nabil et Akram, fauchés par l'inconscience et l'irresponsabilité de ces chauffards qui écument nos routes. Ce verdict met à nu la discordance entre le langage politique et la réalité du terrain où l'on continue à faire de la vie humaine une quantité négligeable. Même l'indemnité financière est insignifiante. La veuve de Nabil dira, non sans colère : « Je suis scandalisée par ce verdict. Est-il normal qu'une personne ayant brisé la vie à toute une famille puisse s'en sortir avec six mois d'emprisonnement et une amende dérisoire ? Ce n'est pas de la sorte qu'on peut mettre un terme aux drames de la route. Je ne demande pas la peine maximale qui ne va me rendre mon Nabil et mon ange Akram, mais un jugement à la mesure de la faute commise d'autant plus que le rapport de la gendarmerie stipule que le chauffard qui avait perdu le contrôle de son camion roulait à grande vitesse. » Et elle n'est pas du tout disposée à baisser les bras. Il faut dire que cette « clémence » ne plaide pas en faveur de ces intervenants qui luttent contre ce fléau qu'est le terrorisme routier qui coûte, faut-il le rappeler, très cher au Trésor public, annuellement amputé de plus d'un milliard de dollars. En ces temps de crise, ce pactole pourrait servir à construire une infrastructure d'utilité publique (bibliothèque, maison du diabète, maison de la culture…) qui serait bénéfique à plus d'un titre. Notons que les accidents de la route, ayant fait l'année dernière 104 morts à Sétif, continuent d'endeuiller cette région, qui a enregistré durant les deux premiers mois de l'année en cours plus de 15 morts et 70 blessés.