Les premières conclusions de ce document, dévoilé en mars par la presse américaine, ont montré que les traitements infligés aux personnes soupçonnées de terrorisme dans les prisons secrètes de la CIA relevaient de la « torture » : coups, privation de sommeil, expositions à des températures extrêmes, simulations de noyade... Selon les nouvelles révélations, des personnels médicaux étaient présents lors de ces interrogatoires, surveillant l'état de santé des détenus alors que leur étaient infligés des mauvais traitements. Ils « donnaient des instructions pour poursuivre, cesser ou modifier » les interrogatoires, assure le rapport qui s'appuie sur les conclusions de responsables du CICR ayant ont pu rencontrer des détenus des prisons de la CIA, membres présumes d'Al Qaïda, après leur transfert en 2006 dans le camp de prisonniers de Guantanamo, sur l'île de Cuba. Un des détenus a ainsi affirmé qu'« à plusieurs occasions, des simulations d'asphyxie ont été arrêtées sur intervention » d'équipes de santé présentes dans la pièce. A l'inverse, celles-ci pouvaient « recommander » la poursuite de tels traitements. « Je m'occupe de ta santé seulement parce qu'on a besoin de tes informations », aurait, par ailleurs, lancé un membre de ces équipes à un détenu. Le CICR rappelle dans son rapport que la pratique de la médecine obéit à des principes déontologiques : respect de la dignité du malade, recherche de l'amélioration de sa santé, interdiction des mauvais traitements. Le CICR conclut que « la participation du personnel médical "dans le cadre de ces interrogatoires", constitue une violation flagrante de l'éthique médicale, et s'apparente dans certains cas à une participation à la torture et/ou à des traitements cruels, inhumains ou dégradants ». L'association américaine de défense des libertés civiles, Aclu, a estimé, mardi, que ce rapport « soulignait un peu plus l'étendue et le caractère systématique de l'utilisation de la torture par des personnels américains », et « constituait une nouvelle preuve de la nécessité que les responsables gouvernementaux qui ont violé la loi rendant compte » de leurs actes. Dans un communiqué, l'Aclu renouvelle son appel au ministère de la Justice pour qu'il nomme un procureur indépendant, afin d'enquêter sur l'autorisation de la torture dans les prisons de la CIA et pour qu'il rende publiques plusieurs notes de justice utilisées par l'administration Bush pour la justifier.