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Obama révèle les pratiques de la torture sous l'ère Bush
Washington a publié jeudi quatre mémos de la CIA
Publié dans El Watan le 18 - 04 - 2009

Après le scandale d'Abou Ghraïb en 2003, l'Administration de l'ancien président américain George W. Bush est éclaboussée encore une fois par une autre affaire aussi grave : la pratique systématique de toutes les formes de la torture par la CIA sur des prisonniers à Guantanamo et ailleurs.
L'agence de renseignement américaine (CIA) a, en violation des conventions internationales, usé et abusé des pratiques graves et humiliantes contre des détenus. La première puissance internationale qui se dit garante des droits de l'homme dans le monde a, en réalité, autorisé leur violation au mépris des lois.
En effet, le nouveau président des Etats-Unis d'Amérique, Barack Obama, lève le voile sur les dépassements condamnables commis par la CIA sous la présidence de son prédécesseur, George W. Bush. Le contenu des quatre mémos secrets de la CIA rendus publics, jeudi dernier, par l'Administration Obama inspire la répugnance. Datant de 2002 et 2005, ces mémos énumèrent une dizaine de méthodes utilisées par des agents de ladite agence pour obliger les terroristes présumés à parler et à donner des informations. Un véritable « mode d'emploi » de la torture. « Privation de sommeil », « simulation de noyade », « frappes insultantes au visage et au ventre », « utilisation d'insectes », « utilisation de la nudité » et « manipulation diététique »…les agents de la CIA ont reçu l'ordre de faire usage de la torture à outrance. Les documents publiés par Washington confirment ainsi le contenu des rapports du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a dénoncé, en 2007, les traitements « cruels, inhumains et dégradants » que Bush et ses acolytes infligeaient aux détenus islamistes.
« Les tortionnaires ne seront pas jugés »
Il ne fait plus de doute, les notes publiées, jeudi dernier, confirment que l'ordre de recourir à la torture émanant des dirigeants de la sulfureuse agence de renseignement américaine a eu lieu sous la présidence de George Walker Bush. Rédigé par des avocats mandatés par l'Administration Bush ce « manuel » de la torture fait fi de la légalité. Pour briser les mécanismes de défense des présumés terroristes, « la CIA préconisait de les priver de sommeil, puis de les déshabiller, de les enchaîner et enfin de les humilier en leur enfilant des couches-culottes ». Une autre méthode proposée par l'agence consistait, selon toujours les mêmes documents, à ne rien leur donner à manger de solide. « La direction était pleinement consciente que cela altérait leur hygiène alimentaire, mais tel était le but », explique-t-on encore. Les récalcitrants, qui refusent de dévoiler « leurs plans », subissent encore d'autres formes de sévices. Les agents avaient le choix entre « la frappe insultante au visage », la « frappe au ventre », ou plus déstabilisant : garder un suspect menotté, le priver de sommeil et le placer tout près d'un faux mur, qui s'affaissait chaque fois que l'homme exténué tentait de s'appuyer dessus. « Ces techniques ne sont pas toutes utilisées en même temps », précise un mémo. S'étant engagé, durant la campagne à la présidentielle américaine, à faire la lumière sur ces pratiques, Barack Obama semble vouloir tourner rapidement la page. Tout en interdisant formellement le recours à de telles techniques, le président démocrate affirme que les agents qui les ont utilisées ne seront pas poursuivis en justice. « Ils n'ont fait que leur devoir, en se basant avec bonne foi sur les conseils légaux du département de la justice », dit-il.
Les partisans de Bush dénoncent
Les noms des agents qui figurent sur les documents ont été, d'ailleurs, soigneusement effacés avant leur publication. Mais cette décision n'est pas du goût des ONG. « Pas question d'exonérer tout le monde de ces responsabilités », lancent l'Association de défense des libertés civiles (ACLU), le Centre des droits constitutionnels (CCR) et Amnesty International. « Ces mémos fournissent la preuve irréfutable que des responsables de l'Administration Bush ont autorisé et donné leur bénédiction légale à des actes de torture qui violent les lois internationales et nationales », affirme l'ACLU. En revanche, le clan Bush se lève contre la publication desdits mémos. Deux hauts responsables sous l'Administration Bush l'ont dénoncé. « La publication de ces notes n'était pas nécessaire en termes de droit et n'est pas saine en termes de politique », estiment l'ancien directeur de la CIA, le général Michael Hayden, et l'ancien ministre de la Justice, Michael Musakey. Selon eux, avec la révélation de ces techniques, « les terroristes sont assurés d'être informés des limites absolues à l'intérieur desquelles les Etats-Unis agissent pour obtenir des informations ». « Ils peuvent donc adapter leur entraînement et affaiblir l'efficacité de ces techniques », disent-ils, expliquant que Obama « s'est, en autorisant ses révélations, non seulement lié les mains mais aussi celles de la future Administration, qui serait face à une attaque ».


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