La campagne pour le boycott de l'élection présidentielle s'est intensifiée en Kabylie, qui a connu, ces derniers jours, une démonstration de force des boycotteurs à travers les quatre coins de la région. Tizi Ouzou De notre bureau Le FFS ne cesse de mobiliser ses troupes dans le souci de réussir son pari, celui de convaincre les citoyens de tourner le dos au scrutin d'aujourd'hui. En effet, après Tizi Ouzou, Aïn El Hammam et Béjaïa, hier, c'était la ville de Draâ El Mizan qui a vécu une journée mouvementée à l'appel de la section locale du parti de Hocine Aït Ahmed. Un rassemblement grandiose a été organisé, d'ailleurs, sur la place publique, en présence des cadres de la direction nationale du vieux parti de l'opposition. A l'occasion, Karim Tabbou, premier secrétaire national du FFS, n'a pas mâché ses mots concernant le président candidat et ses partisans, particulièrement ceux de la Kabylie. Il a, en effet, assimilé les partisans de Bouteflika à « la milice de Ben Bella qui traquait les militants du FFS en 1963 ». « Je suis là pour répondre à Bouteflika qui est venu en Kabylie pour tenir un discours insultant à l'égard des habitants de cette région. Je sais bien que chaque parole à Draâ El Mizan est un séisme à El Mouradia, car le pouvoir sait que cette localité est une région des colonels qui ont libéré ce pays gouverné aujourd'hui par les gens de Oujda. Vous savez bien que quand Aït Ahmed était dans les maquis, Bouteflika était aux frontières », a martelé Tabbou devant une foule nombreuse, qui brandissait des banderoles sur lesquelles on pouvait lire les principaux mots d'ordre du FFS, comme « Non à la mascarade électorale », « Je boycotte, j'aime mon pays », et « Vérité sur l'assassinat de Ali Mecili ». « Ils ont dit que si vous irez voter, Draâ El Mizan deviendra une wilaya qui bénéficiera de plusieurs projets. C'est faux, c'est du chantage politique à l'égard des populations afin de les faire voter. Ils veulent avoir un peuple qui ne réfléchit pas, un peuple qui pense seulement à se remplir les poches mais pas la tête. C'est pour cela qu'ils sont en train d'acheter les gens avec l'argent du contribuable qui est dépensé sans compter pour corrompre les lâches », a-t-il fulminé, allusion faite, sans nul doute, au Premier ministre et néanmoins secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui était, dimanche dernier, en visite dans la région. Encore une fois, le numéro deux du FFS n'a pas laissé passer l'occasion de fustiger, sur un ton virulent, le directeur de campagne de Bouteflika à Tizi Ouzou. « Vous savez, c'est un cas unique au monde. Le directeur de campagne du président candidat, de la direction de la culture et même premier responsable de la maison de la culture qui porte le nom de Mouloud Mammeri, n'a aucun diplôme, alors qu'un simple agent de l'état civil dans une mairie doit avoir au minimum une licence. Le pouvoir sait choisir ses relais en Kabylie », a ajouté Tabbou, estimant que « les jeux de l'élection présidentielle du 9 avril sont faits ». D'ailleurs, a-t-il insisté, une élection où les résultats sont connus d'avance n'a aucune once de crédibilité. Selon le premier secrétaire du FFS, des sommes colossales ont été déboursées dans cette campagne au profit toujours des gens du sérail. « Tout l'argent de l'impression et de la confection de ces portraits, posters et ces milliards d'affiches de Bouteflika pendant la campagne électorale, sera remis à une entreprise appartenant à la femme du directeur national de campagne du président candidat, Abdelmalek Sellal, qui a pris le marché. Donc, les simples serviteurs n'ont reçu que des miettes. Le grand gâteau se partage entre les gens de la haute sphère », a-t-il révélé. Avant de terminer son intervention, le premier secrétaire du FFS a exhorté la foule à rejeter pacifiquement le vote d'aujourd'hui. Enfin, notons que dans le même sillage, Karim Tabbou devait animer un autre meeting, hier après-midi, dans la commune de Makouda. Notons, par ailleurs, que les militants du RCD ont emboité le pas à ceux du FFS pour mener une campagne antivote en Kabylie. Des députés et sénateurs ainsi que des membres du conseil national du parti de Saïd Sadi sillonnent les différentes localités de la région pour sensibiliser les citoyens à se joindre à l'action du boycott de l'élection présidentielle.