Photo : M. Boumati De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le rassemblement organisé jeudi dernier par le Front des forces socialistes en faveur du boycott de l'élection présidentielle de jeudi prochain a été une véritable démonstration de force, que ce soit du point de vue de la mobilisation citoyenne ou du discours prononcé par le premier secrétaire national de ce parti, Karim Tabbou qui a développé un discours virulent à l'égard du président Bouteflika, de Ouyahia, de Zerhouni, de Belkhadem, et du directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou qui a pris la tête du directoire de campagne de Bouteflika dans la wilaya, El Hadi Ould Ali. C'est un responsable du FFS en colère qui s'est exprimé devant des milliers de personnes rassemblées sur la chaussée devant le siège du parti, après le refus de l'administration d'octroyer une salle pour la tenue d'un meeting. Le parti présidé par Hocine Aït Ahmed n'a pas demandé d'autorisation pour cette manifestation. D'autant que, selon M. Tabbou, contrairement aux déclarations du ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, le FFS n'est pas autorisé à activer dans le cadre de l'option de boycott dans la mesure où il a été empêché d'activer à Batna, à Jijel et Annaba entre autres régions du pays au moment où des militants de ce parti ont été interpellés par les services de sécurité pour des raisons d'affichage et de détention de documents appelant au boycott de la présidentielle du 9 avril. Le discours de Karim Tabbou était inhabituellement violent et les «nous n'avons pas peur de vous» lancés à plusieurs reprises résonnaient comme une sorte de défi. Un discours cependant apprécié par les militants et les sympathisants présents qui scandaient à gorge déployée des slogans virulents. Et la marche improvisée à l'issue de la prise de parole et à l'appel de Karim Tabbou qui y participera confirme ce changement d'attitude du parti de Hocine Aït Ahmed, notamment à la fin de la marche où les manifestants se sont rués vers l'intérieur de l'enceinte de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou pour y dénoncer son directeur, El Hadi Ould Ali. C'est que le responsable du FFS dit avoir constaté un changement de ton dans les discours des différents intervenants dans la campagne pour la participation, à l'instar «des cinq candidats qui accompagnent Bouteflika dans sa réélection» ainsi que les partisans du candidat Bouteflika, qualifiant ceux qui prônent le boycott de «traîtres», en citant le Premier ministre Ahmed Ouyahia. «Les traîtres sont ceux qui ont mis des milliers de travailleurs au chômage, qui ont mis de valeureux cadres en prison, qui ont bradé l'économie nationale et qui ont clochardisé notre pays», lancera Karim Tabbou avec hargne avant de dénoncer la campagne électorale avec notamment «le paiement d'une somme de 70 millions de centimes aux citoyens qui acceptent de transformer leurs locaux en permanence électorale de Bouteflika, des transporteurs qui reçoivent la somme de 3 000 dinars par jour pour coller le portrait du même candidat sur leurs véhicules». Tout au long de son discours, Karim Tabbou maintiendra le même ton radical au point qu'il lancera un avertissement aux forces de sécurité à propos des interpellations dont font l'objet les militants de son parti. «Nous n'acceptons pas que nos militants soient maltraités, insultés et torturés dans les commissariats. Ceci est un avertissement, sinon nous serons des milliers à venir dans vos commissariats», martèlera l'orateur qui qualifiera l'action de jeudi dernier «de bataille psychologique gagnée par le FFS».