A ce propos, il n'est pas inutile de rappeler que le 12 novembre 1954, Abbas avait déclaré : «Notre position est sans équivoque (…), nous continuons à être persuadés que la violence ne réglera rien.» Cette déclaration nous éclaire amplement sur la position de Abbas à l'égard de la révolution. Par ailleurs, l'adhésion de Abbas au FLN n'est rendue possible que grâce à la force de persuasion de Abane Ramdane. La rencontre entre les deux hommes a eu lieu à Alger en mai 1955 où le responsable du FLN, sans détour, lui lança : «La révolution est déclenchée M. Abbas, elle n'est l'œuvre ni de Messali ni de votre UDMA. Tout cela c'est dépassé, ce sont des vieilleries à accrocher aux magasins des accessoires. Votre devoir est de rejoindre le front. Nous avons besoin d'hommes comme vous. Il n'est pas possible que vous restiez à l'écart.» Un mois après la rencontre, en juin 1955, «Ferhat Abbas tira définitivement un trait sur 30 ans de politique légale, sur 30 ans de sa vie». Désormais, ça sera la clandestinité pour le «vieux routier» du mouvement national.