Première action : une marche qui a réuni environ 5000 manifestants qui sont partis de Kibera, l'un des plus vastes bidonvilles d'Afrique, et ont gagné le parc Uhuru, distant d'environ 8 km et où s'est déroulée une cérémonie officielle d'ouverture. En tête du cortège, une banderole annonce qu'il est «possible de construire un monde différent». Dans une atmosphère festive, au rythme de percussions, les manifestants affichent des pancartes affirmant, notamment, «Bush, terroriste numéro un». De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) du Kenya sont représentées dans le cortège, dans lequel se trouve le premier président de Zambie, Kenneth Kaunda, et où les Italiens et les Espagnols forment le gros des troupes côté européen. Cette marche marque la volonté du mouvement altermondialiste de se rapprocher de l'Afrique, particulièrement concernée par les conséquences de la mondialisation, mais souvent absente, faute de moyens, des précédents forums sociaux. Le FSM de Nairobi devrait réunir quelque 100 000 participants dont, notamment, des travailleurs, des mouvements sociaux, des réseaux, des coalitions et d'autres forces progressives venues de tous les continents. La marche s'est déroulée de façon un peu chaotique, les forces de l'ordre n'ayant pas bloqué la circulation automobile. Des touristes, à bord de minibus, regardaient, un peu surpris, le défilé, tandis que des membres de l'organisation du forum, à dos de dromadaires, tentaient de mettre un peu d'ordre dans la manifestation. «Le forum doit permettre de mieux impliquer les Africains dans la lutte contre le libéralisme sauvage. Il y a encore trop d'ONG et d'associations en Afrique, mais une manifestation comme celle-ci et le forum vont à mon avis attirer plus de gens dans les organisations et nous rendre plus forts», a dit Tabitho Mutiso, une Kényane qui participe au comité d'organisation du FSM. Les treize activités, coordonnées par le FSM à Nairobi, dominent l'actualité dans le continent africain : lutte contre le sida, poids de la dette, souveraineté alimentaire, nécessité d'accords de commerce justes, de modes de vie alternatifs pour les jeunes et d'emplois respectant la dignité de la personne… Parmi les personnalités attendues au 7e FSM figurent la Kényane Wangari Maathai, prix Nobel de la paix 2004, l'ancienne haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Mary Robinson, le prix Nobel de la paix sud-africain Desmond Tutu, et Winnie Mandela, ex-épouse de Nelson Mandela. Le syndicaliste paysan français, José Bové, et la figure de l'altermondialisme en Afrique de l'Ouest, Aminata Traoré, seront également au rendez-vous. Deux autres actions devraient être initiées à Nairobi. D'une part, le lancement d'une journée mondiale d'action prévue en janvier 2008 avant le prochain forum mondial, organisé en 2009 dans une ville du Sud qui reste à déterminer. D'autre part, le lancement d'une campagne de sensibilisation pour le «travail décent» dans le milieu du football dans la perspective de la prochaine Coupe du monde qui se déroulera en 2010 en Afrique du Sud. Le grand rendez-vous altermondialiste, qui est organisé jusqu'à jeudi, se veut être le contrepoids du Forum économique mondial prévu, cette année, du 23 au 28 janvier en Suisse. Depuis la première édition, en janvier 2001, à Porto Alegre au Brésil, le nombre de participants au FSM s'est accru au cours des éditions successives, passant de 15 000 à 100 000 participants en 2004, en Inde.