Le septième rendez-vous annuel des opposants à la mondialisation néo-libérale a débuté samedi à Nairobi, capitale du Kenya. C'est la première fois que le FSM prend ses quartiers sur le continent africain. Le Forum social s'est ouvert samedi matin par une marche qui réunissait environ 5.000 personnes. Les manifestants sont partis de Kibera, l'un des plus vastes bidonvilles d'Afrique, et doivent gagner le parc Uhuru, distant d'environ 8 kilomètres et où doit se dérouler, en début d'après-midi, une cérémonie officielle d'ouverture. En tête du cortège, une banderole proclamait qu'il est "possible de construire un monde différent" tandis que dans une atmosphère festive, au rythme de percussions, les manifestants affichaient des pancartes affirmant notamment "Bush, terroriste numéro un".De nombreuses organisations non-gouvernementales kényanes étaient représentées dans le cortège, tandis que les Italiens et les Espagnols formaient le gros des troupes côté européen. Cette marche, tout comme le marathon à travers les bidonvilles de Nairobi qui clôturera jeudi le FSM, marque la volonté du mouvement altermondialiste de se rapprocher de l'Afrique, particulièrement concernée par les conséquences de la mondialisation, mais souvent absente, faute de moyens, des précédents forums. En dépit d'un succès populaire qui ne se dément pas, avec une participation passée de 20.000 personnes en 2001, lors du premier FSM, à 100.000 en 2006, les altermondialistes, qui peinent à formuler des solutions différentes crédibles au modèle néo-libéral, veulent désormais mieux impliquer les populations africaines et proposer des actions concrètes. Cette volonté d'associer la population locale va toutefois obliger les organisateurs à relever le défi de l'insécurité réputée de Nairobi: outre les forces de l'ordre du pays, des sociétés de sécurité privées vont être mobilisées pour garantir la réussite de l'événement. La volonté d'engagement des Africains se traduit également par le choix des treize activités coordonnées par le Forum, qui dominent l'actualité sur le continent: lutte contre le sida, poids de la dette, souveraineté alimentaire, nécessité d'accords de commerce justes, de modes de vie alternatifs pour les jeunes et d'emplois respectant la dignité de la personne... Parmi les personnalités attendues figurents le premier président de Zambie Kenneth Kaunda, la Kenyane Wangari Maathai, prix Nobel de la paix 2004, l'ancienne haut commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Mary Robinson, le prix Nobel de la paix sud-africain Desmond Tutu et Winnie Mandela, ex-épouse de Nelson Mandela. Le syndicaliste paysan français José Bové et la figure de l'altermondialisme en Afrique de l'Ouest et ancienne ministre malienne de la Culture, Aminata Traoré, participeront également au Forum. Ce FSM devrait également être marqué par une forte présence d'organisations chrétiennes, telles que Caritas, le Comité catholique d'action contre la faim et pour le développement (CCFD) ou encore la Confédération des syndicats chrétiens (CSC). Les participants vont jeter les bases, à l'occasion de ce FSM, d'une journée mondiale d'action qui se déroulera en janvier 2008, avant le prochain Forum mondial, organisé en 2009 dans une ville du Sud qui reste à déterminer. Le FSM servira en outre de cadre au lancement d'une campagne pour le "travail décent" dans le football, en prévision de la Coupe du monde 2010 qui se déroulera en Afrique du Sud. La Confédération syndicale internationale, qui déclare regrouper 316 syndicats représentant 168 millions de salariés dans le monde, entend faire pression sur la Fifa et les entreprises engagées dans la construction des stades pour qu'ils garantissent aux travailleurs des conditions de travail et des salaires décents.