Les résultats officiels de l'élection présidentielle du 9 avril 2009 arrangent, d'une manière claire, les affaires de Louisa Hanoune, patronne du Parti des travailleurs. Elle est en deuxième position après Abdelaziz Bouteflika. L'insignifiance du score qu'elle a obtenu, 4,2%, n'a pas d'importance. Ce qui est important, par contre, c'est ce nouveau repositionnement dans la carte politique du pays. Louisa Hanoune, qui a remodelé son discours, n'est pas dans l'opposition. Dans son discours, on ne trouve aucune trace de critiques à l'adresse du président Bouteflika. Elle s'attaque à ses ministres, mais se garde d'ouvrir le feu sur la politique menée par le locataire d'El Mouradia qui, pourtant, est au pouvoir depuis dix ans. Ce jeu « trouble » fait de la militante trotskiste une alliée du pouvoir. Bouteflika lui a rendu un hommage particulier lors d'un meeting électoral en Kabylie. Il ne l'a pas fait pour les autres candidats, ni pour les leaders du FFS et du RCD. Pour « les architectes » de l'Algérie d'après-avril 2009, la responsable du PT doit jouer le rôle de « la nouvelle » opposition. Même s'ils ont élevé la voix, les autres candidats, Djahid Younsi, Mohamed Saïd et Fawzi Rebaïne sont ridiculisés par les « poussières » qui leur ont été données après le scrutin du 9 avril. Yousni, Saïd et Rebaïne vont-ils avoir un sursaut d'orgueil et rebondir en organisant leurs rangs ? Vont-ils retenir la leçon de Ali Benflis qui, après la présidentielle de 2004, a raté l'occasion de mener l'opposition et de la préparer pour l'avenir ? Rien n'est encore sûr. Ahd 54 et El Islah sont des partis agréés, mais ont peu d'activités hors des processus électoraux. Mohamed Saïd a un combat à mener contre l'administration pour arracher l'agrément au Parti de la liberté et de la Justice (PLJ). Il est suffisamment armé pour cela après l'épisode de Wafa, le parti d'Ahmed Taleb Ibrahimi, qui n'a pas été autorisé à activer par le ministère de l'Intérieur. Wafa a connu le sort d'El Badil, d'Essabil et de l'UDR. Depuis 1999, date de l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, aucun parti n'a été agréé. Le MSP, absorbé par l'Alliance présidentielle, n'aura pas un grand rôle à jouer à l'avenir, même si son chef actuel, Bouguerra Soltani, nourrit l'espoir de se présenter à la présidentielle de 2014. Il s'y prépare sérieusement. Mais aura-t-il toute son autonomie pour réaliser son rêve ? Peu probable. Le FLN et le RND continueront à meubler les décors d'un pouvoir de moins en moins ouvert sur l'autre opinion, sur la liberté d'expression et sur l'alternance politique. La campagne du boycott de l'élection présidentielle, menée par le FFS et le RCD, combattue par tous les appareils de l'Etat, souligne la nécessité de changer les méthodes de travail et les approches de la militance. Il y a des risques à prendre, des coups à éviter et des défis à lancer. L'opposition, qui doit commencer à rassembler ses voix, n'a pas d'autre choix que de relancer la lutte pour la conquête de l'espace public par tous les moyens légaux. Les partis qui aspirent au changement sont obligés d'avoir des tribunes réactives d'expression. N'apparaître qu'en période préélectorale est un exercice désuet. Il devient nécessaire de s'adapter à l'évolution du monde. L'utilisation de l'internet est un moyen efficace mais pas suffisant. La formation politique et la rénovation organique sont indispensables pour l'action partisane. Comme est vitale la production de nouvelles idées. Le renouvellement des élites au sein des mouvements d'opposition, partis, associations ou syndicats est, lui aussi, important. C'est le seul moyen pour rester sur la route et garder sa crédibilité. Les assauts du pouvoir et de ses relais ne sont jamais arrêtés pour « diaboliser » les opposants. Ceux-ci doivent apprendre à contrer rapidement et efficacement les tirs de l'autre rive. Les accusations de « trahison » contre ceux qui ont appelé au boycott de l'élection présidentielle n'ont pas été vidées à temps. Les instruments de communication sont à revoir de fond en comble. Toutes ces actions doivent répondre aux exigences d'une stratégie claire de prise de pouvoir par les voies démocratiques. La rupture est irréalisable lorsque l'action se réduit à des discours de salon. L'espoir de changer l'Algérie existe toujours puisque le train du système politique s'approche à vitesse régulière de la gare terminale. Même si les vents sont contraires et les terrains marécageux ! Fayçal Métaoui