Elle dira ne pas disposer «de preuves tangibles indiquant qu'il y a eu fraude». C'est devant un large parterre de journalistes que la secrétaire générale du Parti des travailleurs et ex-candidate à l'élection présidentielle du 8 avril dernier, Mme Louisa Hanoune a animé hier une conférence de presse, au Centre international de presse. D'emblée, Mme Louisa Hanoune déplore le climat tendu dans lequel s'est déroulée la campagne électorale, «avec comme toile de fond une crise ouverte sur trois fronts». Elle s'est néanmoins félicitée de la fin satisfaisante de ce scrutin. En ce sens, il faut dire que le PT, qui a investi sa candidate d'un mandat précis, peut considérer que sa mission a été pleinement accomplie. Le pire, en effet, a été évité. Pour le moment. Abordant le score obtenu par son parti, à savoir 1,16%, Louisa Hanoune a déclaré que «par-delà les résultats du scrutin, le Parti des travailleurs considère qu'il a réalisé les objectifs politiques qu'il s'était assignés.». Il s'agit, comme le déclarait Mme Hanoune, avant l'entame de sa campagne, sur les colonnes de notre journal, d'attirer l'attention des citoyens sur les dangers qui guettent le pays, d'en appeler à la raison et à la pondération et de stopper coûte que coûte l'engrenage ainsi mis en branle. Sans perdre de vue les objectifs électoraux, somme toute légitimes, le PT a donc privilégié la sensibilisation des citoyens. Le parti a grandement profité de cette campagne pour élargir ses assises populaires et militantes grâce au discours très bien accueilli d'une Louisa Hanoune toujours égale et fidèle à elle-même. Quant au taux d'abstention dans cette élection, la conférencière souligne qu'il reste plus que satisfaisant. Elle n'en ajoute pas moins que le vote en soi-même ne signifie rien partant du constat «qu'aucune élection n'a pu, depuis 1992, régler fondamentalement et définitivement la question de l'effusion de sang et stopper la régression sociale». Les résultats n'en traduisent pas moins la défaite du régionalisme dans notre pays. Louisa Hanoune, qui a mené une campagne sereine, s'appesantissant sur les problèmes posés et les solutions proposées, souhaitant des confrontations d'idées sans jamais s'attaquer aux personnes, n'en a pas moins mis en avant son «étonnement» face au score trop élevé obtenu par le président Bouteflika. Mesurée dans ses propos, elle ajoute ne pas disposer «de preuves tangibles indiquant qu'il y a eu fraude». «Sur l'aspect formel, rien n'indique que l'élection s'est déroulée dans des conditions inacceptables, malgré les quelques dépassements qui ont été signalés çà et là dans les diverses parties du pays. A cet effet, le Parti des travailleurs a adressé des recours au Conseil constitutionnel.» Pour ce qui est de tamazight, l'ex-candidate a encore une fois réitéré sa position qui consiste à souhaiter qu'elle soit décrétée langue officielle sans référendum comme le permet la Constitution. Le PT, à ce propos, n'est pas peu fier d'être derrière l'idée qui avait consisté, début 2002, à convoquer les deux chambres parlementaires pour introduire un amendement à la Constitution promulguant tamazight en tant que langue nationale. Le même procédé est souhaité dans le but d'éviter les risques de déchirements et d'exacerbation des fibres régionalistes. Dans le but d'en finir avec la crise qui secoue le pays, Louisa Hanoune a fait appel au président de République «pour qu'il décrète la paix et qu'il convoque, prioritairement, un congrès national algérien regroupant les partis et les institutions, y compris les corps constitués, les personnalités influentes, pour ouvrir une issue positive au peuple algérien, mais aussi dans le but de sortir notre pays de la violence et de l'impasse dans lesquelles il se trouve». Enfin, au sujet du message qui lui a été adressé par le président de la République, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a déclaré qu'à travers cette missive, Bouteflika s'adresse à tous les partis politiques ayant participé à l'élection présidentielle du 8 avril dernier. La force de caractère de cette Dame n'a d'égale que son inénarrable modestie.