« Nous supportons énormément de charges pour prendre part à ce genre de rencontres, mais en contrepartie, on ne récoltera que des promesses sans lendemain », s'indigne une participante, qui dénonce avec une amertume mal contenue l'invitation des femmes artisans aux festivités, puis les délaisser pour le reste de l'année. « Les présidents des associations ne jouent pas tous leur rôle, on ne fait appel à nous que pour meubler l'espace, le temps d'une exposition », nous dira une autre. «Il y a un manque total de considération pour ces femmes artisans dont la plupart travaillent dans des conditions pénibles avec des moyens souvent dérisoires », poursuit-elle. En fait, une bonne partie des femmes artisans évoquent le manque de locaux nécessaires à certaines activités, alors que d'autres se plaignent des loyers jugés exorbitants, imposés par les APC et qui risquent de pousser ces femmes à l'abandon de leur gagne-pain. La plupartdes artisanes travaillent dans l'ombre, car elles n'ont même pas les moyens financiers pour participer à une exposition. Une autre femme versée dans ce domaine nous dira ceci : «Le soutien financier est souvent réservé à une certaine catégorie bien appuyée ». Parmi les femmes ayant bénéficié d'un crédit attribué dans le cadre des programmes de l'agence nationale de la gestion du microcrédit (ANGEM), certaines ont été contraintes de débourser des sommes importantes, rien que pour aménager les locaux. L'indisponibilité de la matière première et le problème de la commercialisation du produit demeurent des handicaps vécus au quotidien par ces dames qui, en dépit d'un travail accompli pour sauvegarder des traditions en voie de disparition, ne trouvent toujours pas les facilités tant recherchées. Le seul espace réservé par la Chambre des arts et des métiers (CAM) de la wilaya de Constantine, sis à la rue Abane Ramdane, reste largement insuffisant pour absorber tous les produits. «On devra encore se débrouiller pour écouler notre marchandise, ou attendre un travail à la commande pour crouler finalement sous les dettes », nous dira une jeune bénéficiaire d'un microcrédit. En attendant de donner une lueur d'espoir à ces gardiennes de la tradition, la CAM s'efforce d'abord de les assister pour mieux gérer leurs projets avec l'assistance de deux formateurs du bureau international du travail (BIT). Pour Abdelkader Hachani, directeur de la CAM, installé dans ses fonctions depuis deux mois, «le but principal de notre démarche est d'ouvrir tous les espaces disponibles aux artisans pour leur permettre de faire connaître leurs produits et nous œuvrons avec tous les établissements concernés par la question du financement des projets pour garantir leur réussite ».