Quelque 225 éleveurs de vaches laitières de la wilaya de Bouira sont montés au créneau ces derniers jours pour dénoncer le comportement jugé inconcevable des collecteurs de lait locaux, dont le complexe laitier de Aïn Bessem et l'entreprise Giplait (ex-Orlac) de Draâ Ben Khedda (Tizi Ouzou) qui ont, selon les plaignants, cessé d'acheter le lait produit localement depuis le 28 mars dernier. Les contestataires, par la voix de leurs représentants de l'Association des éleveurs de vaches laitières de la wilaya, ont tenu, avant-hier, une réunion au niveau de la Chambre de l'agriculture de la wilaya pour demander que des mesures d'urgence soient prises par les autorités compétentes. Pour les concernés, « aucune explication convaincante n'a été avancée pour motiver une telle décision » considérée comme « dangereuse et contraire aux objectifs stratégiques tracés par l'Etat en encourageant l'investissement dans la filière ». Les quelques producteurs laitiers que nous avons pu interroger rappellent l'installation, au mois de février dernier, par le ministre de l'Agriculture, du Comité interprofessionnel du lait (CIL) dont la finalité était justement d'aller vers une meilleure organisation de la filière laitière à l'échelle nationale. Un comité qui, selon nos interlocuteurs, devait apporter une assistance technique aux éleveurs. Devant cette situation pour le moins contraignante et qui peut être à l'origine de la faillite de certains éleveurs, ces derniers qui disent avoir tenu leur promesse consistant en la production de plus de 2000 litres/jour, menacent de recourir aux actions de rue. Entre autres actions envisagées, le déversement du lait produit quotidiennement au niveau du siège de la wilaya en signe de protestation. A noter enfin que la wilaya de Bouira a enregistré ces derniers mois une progression conséquente en matière de production laitière, passant pratiquement du simple au double cette année. D'autre part, il est utile de signaler que la crise qui se profile à l'horizon risque de compromettre l'avenir de cette filière pour le moins stratégique. Pour s'en convaincre, il suffit peut-être de se rappeler la précédente crise vécue, qui a fait que la facture nationale d'importation de lait a atteint, en 2008, 1,3 milliard de dollars.