Karim Achoui, avocat pénaliste français est, ces dernières années, au milieu d'une tourmente qui ne finit pas de faire couler beaucoup d'encre et qui s'amplifiera certainement lors de son procès attendu pour 2010, qui l'innocentera ou le condamnera dans l'affaire Antonio Ferrara. Ce dernier, connu dans le milieu du grand banditisme parisien, s'évada de prison le 12 mars 2003. On accusa Me Achoui, qui était son avocat, d'avoir aidé à cette évasion. Il nia. D'abord condamné à sept ans de prison, sans preuves, dit-on, Me Karim Achoui a enfin été libéré sous caution, grâce au soutien de certain de ses pairs, grands noms du barreau parisien et grâce surtout à un formidable mouvement de solidarité citoyen organisé en comité de soutien et à sa tête Rachid Nekkaz, homme politique français (Parti social démocrate). Ce dernier planta une tente devant la maison d'arrêt de Nanterre, où était détenu Me Achoui, et décida d'une grève de la faim jusqu'à la libération du condamné sans preuves. C'est lui qui paya les 50 000 euros requis pour sa mise en liberté conditionnelle le 4 février 2009. Libéré sous caution certes, mais libéré quand même, Me Achoui, crée, dès sa sortie de prison, une fondation contre les injustices (www.fondationkarimachoui.org). L'avocat écrit sur son blog « 50 jours de prison m'ont fait prendre conscience comme jamais d'une' injustice criante : les condamnés sans preuves, j'en fais partie. Ils représentent près de 10% des détenus, soit 6300 personnes. C'est inacceptable dans un état de droit. L'avocat que je suis, le condamné sans preuves que j'ai été, a décidé de réagir en créant une fondation contre les injustices ». A travers les médias de masse, Me Achoui est cloué au pilori en tant qu'« avocat du milieu ». On lui reproche d'être devenu, au fur et à mesure de son ascension, plus qu'un avocat du milieu, un ami du grand banditisme parisien. Et par extension, d'être devenu lui-même du milieu. On lui reproche son train de vie, trop beau pour être celui d'un avocat qui ne vivrait que de ses honoraires. Maître Achoui récuse toutes les accusations et reproche à la presse l'acharnement contre sa personne. « J'ai le très net sentiment d'avoir souvent été, et de le rester plus souvent qu'il ne le faudrait, le petit canard noir qui empêche les choses de tourner en rond, qui dérange le jeu, qui change les donnes, qui perturbe les règles », écrit-il à l'intention de ses détracteurs (Karim Achoui. L'avocat à abattre. P131). Me Karim Achoui a été l'objet d'une tentative d'assassinat le 22 juin 2007 en plein cœur de Paris. Poumons perforés, il en échappa par miracle. Ce qui fit dire à ses ennemis qu'il paya le prix de ses « extravagances ». L'affaire Karim Achoui est devenue une affaire d'Etat du fait que l'avocat a publié un livre en 2008 L'avocat à abattre, dans lequel il cherche à comprendre le « qui » et le « pourquoi ? » de cette tentative d'assassinat. Il parle de complot qui tendrait à l'éliminer du barreau, parce que remportant trop de succès, il serait devenu gênant. Ce livre, véritable brûlot et best-seller, a été disséqué par les pour et les contre Karim Achoui. Invité des chaînes de télévision françaises, l'avocat est révélé au public qui découvre en cet homme quelque chose d'exceptionnelle. Il est, en effet, aux autres en rien pareil. Cet homme, beau, séduisant, élégant, raffiné jusqu'au bout des ongles, qui force l'écoute et le respect et qui s'exprime avec aisance, au timbre parfait et posé, a tout d'un homme d'Etat. L'erreur judiciaire, si elle est prouvée, permettrait à cet homme aux multiples capacités d'être le futur Barack Obama français, car il pourrait et saurait être un homme politique d'envergure. En effet, il est de ceux qui drainerait les foules au seul son de sa voix et à la seule apparition de sa personne si imposante. Les forum sur internet témoignent de l'engouement autour de sa personne. Elégant à souhait avec ses costumes « Smalto » comme il aime à le préciser, pour en rajouter et titiller les jaloux, cultivé plus que de raison, il n'est pas de journalistes qui n'aient pas été déstabilisés par tant d'assurance et de réparties. Ses fans s'en régalent et les vidéos font le bonheur des internautes. En dehors du fait que cet homme ne s'est pas retrouvé grand avocat du barreau parisien par miracle, car ses études furent prestigieuses, et il fut classé « parmi les premiers des mille cent diplômés » (idem p 130), il a pour lui ce que personne ne peut lui disputer et en cela même ses détracteurs sont d'accord, il a en effet une présence qui impose. De quelques côtés qu'on se tournerait pour essayer de trouver un défaut, on se retrouverait bredouille. « Mais il y eut une faille, une faille de taille », (idem p l06), écrit-il. Mais laquelle ? Son honneur est désormais entre parenthèses, il faudrait qu'il soit blanchi. Et le futur Barack Obama français, qui en a non seulement la stature, mais aussi les compétences, a une mission majeure, celle de gagner son procès dans l'affaire Ferrara. Cette affaire, dont beaucoup savent son innocence, et ils sont nombreux à le croire parmi ses pairs, est malgré tout une faille et non des moindres dans ce parcours prodigieux qui est le sien. Me Karim Achoui avait-il le choix de sa clientèle ? En lisant son livre, et si nous avons bien compris ses propos, il est clair que non. Longtemps, dit-il, il est resté sans travail : « Je me retrouvais donc avocat virtuel, sans patron, sans contrat et sans robe. Mon nom ou plutôt mon prénom à consonance arabe ? Je compris très vite que même avec la robe d'avocat qui est dans la tradition française une manière de mettre, dans la confrérie, tout un chacun au même niveau, je n'étais pas, d'emblée, accepté. » (idem p 130). Mais dirait-on, il aurait pu faire un autre droit que le pénal. Il a goût du risque, cela s'entend. Fils d'un ouvrier algérien, kabyle, il a travaillé dur pour atteindre le firmament. Il avait jubilé d'être devenu, à force de travail en à peine quelques années, l'incontournable avocat pénaliste parisien « avec lequel il fallait désormais compter » et il ne pouvait aussi bien réussir s'il n'avait pas en plus des capacités, une dose de génie. En gagnant son procès et en créant son parti, si jamais il lui en venait l'idée, Karim Achoui découvrirait qu'il n'y a que la politique qui lui donnerait la dose d'adrénaline nécessaire à sa résurrection. L'auteure est Docteur en communication