Tout porte à croire que le risque de la criminalisation de «l'affaire Mami» est définitivement exclu. Est-ce vraiment la fin du cauchemar pour la star algérienne de la chanson raï? Maintenu en détention provisoire durant un peu plus de trois mois, le prince Mami a été remis hier en liberté provisoire, indique-t-on d'une source très au fait de son dossier. Interpellé à l'aéroport d'Orly le 26 octobre dernier, Cheb Mami (42 ans), de son vrai nom Mohamed Khelifati, a été vite mis en examen par une juge d'instruction du tribunal de Bobigny. Comme conséquence de cette procédure, le chanteur Mami s'est vu directement incarcéré pour violences volontaires, séquestration et menaces sur son ancienne compagne et collaboratrice, la dénommée Isabelle Simon, photographe spécialisée dans la musique raï. Un tel acte d'accusation frise, faut-il le souligner, l'extrême gravité. Et le jeune chanteur à l'encontre duquel sont imputés de tels griefs était en face d'un grand péril susceptible de le ruiner et faire éclater en mille morceaux sa carrière d'artiste. Mami risquait, en effet, de voir son affaire transférée devant la cour d'assises, ce qui n'est pas peu dire puisque dans le cas où cette orientation judiciaire aurait eu lieu, son séjour en prison s'étendrait sur plusieurs années, assurément. Cependant, et tant mieux pour l'artiste, la criminalisation de l'affaire Mami est désormais un risque exclu. Et en ce sens, la décision de sa remise en liberté provisoire entérinée, hier, vendredi, à la suite d'une double confrontation, d'abord avec son accusatrice et ensuite avec son agent Michel Lévy, n'en est que la confirmation. Pour rappel, les faits pour lesquels Cheb Mami s'est retrouvé au centre d'une affaire scabreuse ayant fait couler beaucoup d'encre tant de la presse algérienne que celle de l'Hexagone, remontent au mois de mai 2005, lorsque le chanteur Mami a rencontré Isabelle Simon, 38 ans, Française de souche et non d'une quelconque origine maghrébine, lors d'une tournée au Caire (Egypte). Mami reconnaît qu'effectivement, il a bien eu une relation avec ladite dame, mais renvoie en bloc la totalité de ses accusations. En 2005, la plaignante travaillait pour le staff du chanteur comme photographe. Ils eurent près de cinq à six rencontres puis Mami prit ses distances car il était sur le point de renouer avec son ex-épouse. Plus tard, il s'était remarié. Et c'est là que la photographe Simon le contacte, lui apprend qu'elle était enceinte de lui et exigeait la somme de 30.000 euros pour pratiquer un avortement. C'est le manager de Mami, Michel Lévy, lui aussi écroué dans le cadre de cette affaire, qui versa la somme de 5000 euros à la photographe Simon en vue d'obtenir son silence. La plaignante, prétend en outre, selon le renvoi de l'accusation, s'être déplacée à Alger en compagnie du manager Michel Lévy, et qu'elle a été reçue par Kader, le fondé de pouvoir de l'artiste qui aurait fait venir deux médecins dans la villa de l'artiste pour un avortement. Clamant haut et fort son innocence, le chanteur soutient, quant à lui, qu'il ignore tout de ce déplacement et prétend qu'il n'était pas à Alger au moment des faits. Ce qui soulève un grand point d'interrogation dans l'attitude de la plaignante non pas sans laisser planer le doute sur la crédibilité du contenu de sa plainte actionnée à l'égard du prince du raï, sans omettre le fait que Simon Isabelle a enfanté d'une fillette aujourd'hui âgée de 8 mois, et ce dès son retour d'Alger. En sus, L'«affaire Mami», car c'en est une, rappelle étrangement l'épisode du roi du raï, cheb Khaled, qui, en pleine célébrité, a eu des démêlés avec la justice française pour violences conjugales. En effet, c'est au moment où le prince du raï s'apprêtait à rencontrer ses fans à Marseille et à lancer son dernier album Layali, que, subitement, une de ses anciennes compagnes dépose plainte contre lui pour «violences et séquestration». L'interpellation de Cheb Mami puis son incarcération à la prison de la Santé près de Paris, deux événements qui n'ont pas manqué de soulever une série d'interrogations de la part de ses fans et de beaucoup d'observateurs qui remettent en cause l'existence de plusieurs zones d'ombre dans le traitement de ce dossier par la justice française. Entre autres, l'empressement du tribunal de Bobigny à mettre en taule Cheb Mami sans que ce dernier puisse bénéficier d'une libération sous caution jusqu'au procès. Mami est tout de même une personnalité ayant de solides amitiés politiques en Algérie et en France et ayant à son actif une carrière artistique d'envergure internationale. Peu après son emprisonnement, des tractations se sont fait jour au sein de la communauté algérienne établie en France en vue de la création d'un comité de soutien en sa faveur. Toujours est-il que l'artiste Mami est sorti de prison depuis hier et qu'il est désormais en liberté provisoire. Cette décision a été accueillie avec joie du côté de son collectif d'avocats où figure Me Assi, un pénaliste de renom. La même décision restera de mise jusqu'à l'heure du procès à l'issue duquel l'opinion publique établie en France comme en Algérie saura que l'affaire Mami n'est qu'un banal fait divers au dessein sournois de nuire à la notoriété de l'artiste.