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Pour un nouveau combat politique international consensuel
Publié dans El Watan le 19 - 04 - 2009

Quelqu'un qui observe l'Algérie d'aujourd'hui se désole sur sa situation non conforme à ses atouts en tout domaine de l'activité socio-économique.
Il est vain de chercher à cibler les responsabilités, tant celles-ci sont le résultat de notre propre histoire où chacun a joué ou refusé de jouer son rôle en bien ou en mal, autour des cercles d'intérêts, à l'origine douteuse, gagnés par l'opacité au lieu de s'affirmer sur la scène politique nationale dans la clarté du droit des affaires. L'important n'est pas le temps passé, mais celui à venir dans un contexte mondial marqué par des incertitudes qui devraient, au lieu de nous démotiver, nous inciter à imaginer des projets pour notre pays qui vit dans le concert des nations préoccupées, autant que nous, par leur devenir face à leurs problèmes spécifiques comme les nôtres.
L'Algérie dans le monde
C'est l'Algérien dans le monde qui donne et reçoit l'image de l'Algérie dans celui-ci. Aujourd'hui, l'Algérien voyage aux quatre coins de la planète, sur les cinq continents, et il peut à loisir constater, à travers les soins dont il est entouré, le respect dû à notre pays et à notre peuple au titre de son histoire et sa glorieuse révolution, comme au titre de ses principes invariables de politique étrangère toujours du côté des causes justes qui finissent par triompher. Mais c'est de la position de notre Etat dans le monde dont nous voulons parler pour le situer sur la scène géopolitique mondiale, composée de la géoéconomique et la géostratégique à la base des relations entre les Etats en perpétuelle confrontation conflictuelle et/ou non conflictuelle de leurs intérêts divers. Un constat général peut être fait, à savoir que nos intérêts économiques ne sont pas situés dans les pays que nous portons politiquement et c'est tout à fait naturel. Cette situation devrait à notre sens changer pour réconcilier nos positions politiques avec nos intérêts géoéconomiques, car les raisons d'Etat ont changé. L'intérêt d'Etat étant froid, nous ne trouvons aucune honte à l'affirmer au regard de ce qui se pratique dans les forums économiques multilatéraux où chacun défend d'abord l'intérêt de son pays. Il reste que l'Algérie jouit d'un crédit politique considérable qu'il faut savoir transformer en crédit économique pour bénéficier de transferts technologiques ou de délocalisations d'entreprises ou d'investissements directs étrangers, venant des zones d'appartenance naturelle que sont l'Europe, l'Afrique et le Monde arabe.
L'Algérie et l'Europe
Entre l'Algérie et l'Europe, il y a l'histoire et la Méditerranée. Un seul risque dans notre pays inquiète plus que de raison l'Europe et à sa tête la France : le péril intégriste. L'appui de l'Europe aux choix politiques intérieurs, y compris parmi les hommes sensés être les décideurs, se justifiera toujours uniquement pour barrer la route à l'intégrisme religieux qui dessert le pays plus que tout autre facteur. Les flux migratoires peuvent être renversés si l'Europe, et à sa tête la France, décident enfin d'ouvrir les yeux sur la nécessité de développer chez nous le confort social après lequel courent nos désespérés de la vie parmi toutes les franges de la société et pas uniquement parmi ceux qui n'ont aucune situation socio-professionnelle (canaliser les aides au développement vers ces secteurs). C'est donc au niveau européen dans le cadre choisi consensuellement (UPM ou cadre bilatéral) que les efforts devraient être entrepris pour qu'ensemble nous posions les jalons du développement humain en Algérie, afin que les populations locales, et même (pourquoi pas) la main-d'œuvre émigrée africaine s'établissent dans le vaste pays sans chercher à aller au-delà autrement qu'en touristes après une année de dur labeur. Une question nous a toujours préoccupés : pourquoi notre Etat ne drague-t-il pas des cerveaux étrangers pour les ramener travailler en Algérie et compenser ainsi la fuite de nos propres cerveaux. C'est ce que la France fait pour combler le départ de ses cerveaux vers l'Amérique, le Canada, l'Australie et ailleurs (pays du Golfe, notamment) en pompant la matière grise dans les pays en voie de développement. Au lieu de payer huit milliards de dollars à des experts de 26-28 ans, on gagnerait sûrement à les employer en Algérie avec des contrats de travail très attractifs dans les secteurs novateurs ou à haute valeur technologique.
L'Algérie et les voisins africains
Si l'Algérie, avec l'aide du monde et de l'Europe, décide de vivifier son Sahara par des programmes colossaux de rattrapage socio-économique, qui mieux que les populations autochtones et les Africains voisins, de par leur constitution physique, entraînés à la rudesse du climat local, peuvent prendre sur eux de réaliser ces programmes destinés à fixer les populations et à ouvrir des perspectives de choix de vie pour les populations du Nord ou des Hauts-Plateaux ? A travers la télévision satellite, ces populations regardent comment les pays du Golfe arabique se sont transformés en villes paradisiaques grâce aux hydrocarbures, à la culture céréalière, au tourisme, etc. Il est légitime pour eux de rêver d'un niveau de vie au moins proche de la comparaison afin de les soustraire aux tentations sécessionnistes nourries par les ennemis de l'Algérie qui les poussent vers ces directions dangereuses pour la cohésion nationale. Encore une fois, cette menace qui nous guette est réelle et nos plus hautes autorités y ont déjà répondu, depuis le gouvernement Abdeslam, en consacrant des fonds de développement Sud avec les programmes d'infrastructures qui ont suivi ces dix dernières années pour soulager un tant soi peu leurs conditions de vie souvent rudimentaires. Ils ne sont pas totalement à l'abri des manipulations… Nos représentations diplomatiques, dans les pays limitrophes, devraient élaborer une stratégie d'attractivité des investisseurs potentiels pour les canaliser vers l'Algérie avec des arrangements intergouvernementaux au profit des populations frontalières et dans le cadre d'une émigration officielle contrôlée par l'ensemble des parties intéressées par le développement du Sud algérien. Les perspectives qu'offrent le Sud algérien peuvent intéresser également l'Europe pour les réserves solaires, comme énergie du futur. Les Européens peuvent être intéressés par des séjours alliant tourisme et soins prescrits par la médecine moderne dans divers compartiments de la santé humaine à suivre dans ces contrées. Sans négliger aucun segment de l'activité industrielle ou de services susceptibles d'être développés au Sud, il y va de l'intérêt de l'ensemble des partenaires concernés par les migrations clandestines de mettre la main à la poche pour trouver des solutions locales à des questions internationales. C'est le propre de la vie en commun des Etats d'aujourd'hui, sinon parler de nouvel ordre économique et financier mondial ne rime à rien.
L'Algérie et le Maghreb
Si le Maghreb veut dire un marché commun, une monnaie unique, un espace de paix et de sécurité, de liberté et de prospérité partagée, alors pourquoi le Maroc ne s'engage-t-il pas définitivement dans la voie du règlement pacifique de la question sahraouie, puisque ce pays est intégré au Grand Maghreb arabe ? Un Sahara pacifié par la voie de l'autodétermination et dans le cadre du marché maghrébin, aux frontières ouvertes, travaillera mieux et fort les intérêts du royaume et de l'ensemble des Etats du Maghreb. Le statu quo actuel ne profite à personne même pas aux Marocains. Le climat de ni guerre ni paix entretient un climat de menace source de dépenses inutiles dans la course aux armements aux lieu et place de dépenses de développement partagé. Fasse Dieu que la raison l'emporte chez nos frères marocains pour qu'ils perçoivent mieux leurs intérêts géostratégiques dans une région qui n'échappe pas aux luttes d'influence des puissances au détriment de tous. Un jour ou l'autre, on nous imposera une solution internationale dans le cadre de l'ONU ou dans un autre cadre possible, alors pourquoi ne pas s'entendre aujourd'hui entre peuples d'une même souche et d'une même région pour trouver cette solution par nous-mêmes et sans qu'aucune partie ne se sente déshonorée, parce qu'elle va à la rencontre d'une solution à un problème longtemps et inutilement entretenu en faveur de forces hostiles à la paix dans la région. Le développement du Maghreb tient au règlement de ce dossier de décolonisation pour qu'enfin les peuples et les Etats de cette région travaillent l'intégration de leurs économies respectives pour davantage d'émancipation et d'ouverture économique. L'Algérie et le monde arabe : la double question israélo-palestinienne. Si la normalisation avec Israël est une condition nécessaire à la création d'un Etat palestinien viable, la Ligue arabe ne peut pas, d'un côté, prôner cette politique pour laquelle elle ne donne pas suffisamment de crédit et, de l'autre, critiquer les efforts insuffisants de la communauté internationale pour le règlement de ce différend qui empoisonne la vie de tout le Moyen et Proche-Orient arabe et musulman. Persister à laisser les belligérants (Israéliens et Palestiniens) seuls face à face ne travaille pas l'intérêt de la région en proie à des menaces qui dépassent son cadre géographique pas uniquement en raison des richesses d'hydrocarbures. L'Algérie, dans ce sens, peut, avec l'aide des pays qui comptent dans le Monde arabe, encourager une solution courageuse de normalisation sincère et vérifiable à la condition bien entendu d'engager dans cette aventure le reste des parties intéressées comme les USA, la Russie, la Chine et l'Europe.Dans un sens, il est clair que la question palestinienne ne peut être réglée par la force des armes d'aujourd'hui, quand elle n'a pu être réglée hier pendant le mouvement de décolonisation mondiale avec des fusils de chasse. De l'autre, Israël – qui n'est pas venu à bout de deux mouvements révolutionnaires malgré sa suprématie militaire et logistique qui ne se compare absolument pas aux moyens dérisoires de ses adversaires, dans deux guerres considérées comme très longues par les Israéliens eux-mêmes, habitués aux guerres éclairs d'une semaine – sait ou a appris à le savoir qu'il ne gagnera pas sa place dans le gotha mondial par la force militaire. Là aussi, si l'intention est la paix et la coexistence pacifique, les Arabes, à leur tête l'Algérie, se doivent de venir en aide aux Palestiniens en nouant un dialogue sérieux avec Israël, parrainé par les puissances qui garantissent sa sécurité pour qu'enfin on puisse voir clair : ou la paix ou la guerre à outrance. Cette dernière est prise en charge par les mouvements terroristes incontrôlés sur lesquels les Etats arabes n'ont aucune emprise du moins connue et reconnue ouvertement. Ce terrorisme intégriste n'arrange aucune nation aspirant à la paix et donc il est combattu sur les terres supposées acquises à son fol espoir. C'est une garantie suffisante que les Etats arabes ne veulent plus d'affrontements coûteux en vies humaines qui n'apportent aucune solution pérenne. Israël doit comprendre que la rue arabe en a marre de ses crimes d'Etat qui encouragent le terrorisme intégriste et décrédibilisent les gouvernements officiels les plaçant dans une mauvaise posture face à la gronde de leurs populations qui ne comprennent pas leurs atermoiements.
L'Algérie et l'Algérie
Aussi paradoxal que ça puisse paraître, c'est en Algérie que cette esquisse de construction diplomatique tournée vers l'intérêt économique ne peut démarrer en raison des pesanteurs d'une classe de dirigeants appartenant à une époque très ancienne qui ne voit pas le monde évoluer comme nous pouvons le voir, parce que libres de toute compromission historique. Près de cinquante ans après la restauration de notre Etat, le moment est venu de reparler à la France le langage de la vérité de l'histoire. Nous devons solder nos comptes comme nations civilisées pour que, ni d'un côté ni de l'autre, nous passons notre temps à nous piéger et faire capoter toutes les tentatives de rapprochement et de consolidation de relations souhaitées exemplaires à la dimension d'un partenariat d'exception qui tarde à prendre sa vitesse de croisière. Il faut qu'en France on se décide enfin à regarder l'Algérie comme un pays d'espoir pour les populations locales, maghrébines et africaines voisines, afin de juguler le mouvement migratoire clandestin et apporter à ces populations les moyens de leur propre développement. L'argent mis dans la lutte contre ces mouvements de désespoir peut servir autrement à entretenir l'activité assistée locale (excroissance de vos propres marchés) de satisfaction des besoins immenses de développement et de lutte contre les précarités et maladies d'un autre âge qui font des ravages et entretiennent ce désir fou d'émigrer au prix de sa vie en traversant la Méditerranée coûte que coûte et vaille que vaille ! Vos économies sont en récession, alors que des contrées entières attendent de vous voir venir à leur secours avec vos excédents de bien-être que toutes les charités humaines acceptent de verser et de recevoir. Ce n'est qu'un juste retour des choses après que l'histoire vous est permis l'exploitation des richesses de ces contrées qui vous donnent aujourd'hui le statut de pays développés et émancipés jouissant de tout le confort de la vie en ce XXIe siècle. Votre force militaire vous prémunit contre toute peur de retour de bâton. Nous avons besoin d'une assurance anti-agression pour ne pas dilapider nos maigres revenus dans la course aux armements, alors que c'est de développement économique et social dont nous avons besoin pour des territoires et populations aussi grands que les vôtres. Le passage du témoin entre les générations d'hier et d'aujourd'hui se fera dans l'ordre ou dans le désordre, mais il se fera. C'est la sentence du mouvement naturel de l'histoire qui ne s'est jamais arrêté en cours de chemin, car il ne connaît aucune panne de moteur. Le tout est de savoir si vraiment le désir d'ordre est plus fort que le désir de casse. Le désir de répondre tout de suite aux incohérences d'ici ou le désir machiavélique de là-bas de déferrer les réponses justes et équitables. Comme l'actuel locataire d'El Mouradia et jadis Boumediène, nous croyons fortement que les solutions locales ne peuvent être que le prolongement des solutions extraterritoriales. Mais elles tardent à venir et ce retard peut un jour coûter le prix de tragédies humaines et de débâcles incommensurables. Alors pourquoi ne pas se décider à hâter l'ouverture des chantiers de l'espoir et jeter les ponts entre nos économies qui ont besoin d'un sacré coup de pouce et d'un élan du cœur qui travaille l'amitié des peuples et des gens à très long terme ?


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