«Les pharmaciens ne manquent pas de souligner que le pharmacien d'officine est exposé quotidiennement à un risque majeur concernant la vente de psychotropes. Aucune protection ne lui est assurée», relèvent-ils. Ainsi, le débat animé par des spécialistes a mis en relief l'ampleur du problème. Pour le président du Snapo bureau d'Alger, M. Zemmouchi, les autorités doivent se pencher en urgence sur «cette question combien complexe, et à protéger les pharmaciens menacés par certains délinquants consommateurs». Comme il est urgent, selon lui, de trouver des solutions globales notamment dans les textes juridiques. «Le pharmacien vit actuellement dans la peur de se voir traduire devant la justice en cas de non-inscription et se faire agresser dans le cas de non-délivrance de ces produits. Il est pris entre deux feux.» M. Zemmouchi a fait aussi référence à la loi de décembre 2004 qui intègre les psychotropes et les stupéfiants. Ces derniers, a-t-il souligné, sont actuellement inexistants dans 95% des pharmacies. «Ils sont d'ailleurs à usage hospitalier», a-t-il précisé en plaidant pour une révision de cette loi et songer à une meilleure protection du pharmacien dans l'exercice de sa profession. Il a aussi déploré le manque d'ordonnancier (registre) au niveau des pharmacies pour porter tous les renseignements du malade (à savoir le nom, le prénom, la date de naissance et le numéro de la carte d'identité). Etaient invités à intervenir lors de cette journée, des représentants de la DGSN, de la Gendarmerie nationale et de la justice. Interrogé en aparté, le commissaire Tazrouti Kamel, chef de service central de lutte contre la drogue, a souligné que les services de la Sûreté nationale ont saisi, durant l'année 2006, 278 386 comprimés de psychotropes de différentes marques et 6580 ml de Rivotril. Un chiffre qui a considérablement augmenté en une année en comparaison de l'année 2005, où il a été saisi 103 997 comprimés et 2360 ml de Rivotril. Pour le représentant de la DGSN, les services de police interviennent sous instruction du parquet lorsqu'il y a une enquête. «L'interpellation d'un pharmacien ne veut pas dire son inculpation. Il y a eu des cas où des pharmaciens ont délivré des psychotropes sous la menace. Il en est également de même chez des prescripteurs. Mais il a été aussi constaté, parfois, que la prescription et la vente de psychotropes ont été pratiquées par des médecins et des pharmaciens véreux. Mais ceux-là se comptent sur les doigts d'une seule la main», a-t-il assuré. Concernant la sécurité du pharmacien, M. Tazrouti a avoué qu'elle reste un problème pour les services de police. «on ne peut pas mettre un policier devant chaque pharmacie. Il est important de faire participer la société civile pour mettre un terme à ce fléau», a-t-il recommandé en signalant que des cellules d'écoute sont installées dans les différentes unités de la sûreté. «L'écoute au niveau de ces cellules est assurée par un personnel féminin, des psychologues et des assistantes sociales qui peuvent venir en aide à des toxicomanes et à leurs familles. Des numéros verts sont aussi mis au service de ces familles qui sont orientées vers les centres de désintoxication». M. Tazrouti a aussi annoncé l'ouverture de treize nouveaux centres qui vont être opérationnels d'ici à la fin de juin prochain, en plus des cinq déjà existants à Blida, Sétif, Annaba, Oran et Bab El Oued.