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LE TRAFIC PREND DE L'AMPLEUR
Alerte aux psychotropes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 05 - 2007

La commercialisation des psychotropes commence � prendre des proportions alarmantes dans les milieux des jeunes. Le Rivotril et le Diazepam seraient class�s parmi les plus demand�s sans pour autant diminuer l�afflux des autres drogues en comprim�s. Pr�s de 300 000 comprim�s ont �t� saisis en 2006 par les services de la DGSN qui, avec le concours de la Gendarmerie nationale, tire la sonnette d�alarme. Les pharmaciens, quant � eux, se d�marquent et lancent un SOS pour se prot�ger.
Ilhem B. Tir - Alger (Le Soir) - Les pharmaciens d�officines, souvent mis � l�index, ne constituent en r�alit� que le dernier maillon d�une grande cha�ne et le probl�me de la commercialisation des psychaotropes les d�passe pour atteindre les grossistes qui g�rent des grandes quantit�s. En effet, plusieurs �trafiquants � facturent � l�insu des pharmaciens pour d�tourner le produit du circuit licite par un simple jeu d��criture. L�absence d�accus� de r�ception rend la t�che difficile aux enqu�teurs pour recourir � la tra�abilit� de l�op�ration. Le prix de vente aux grossistes est nettement inf�rieur au prix indiqu� sur la vignette et la marge est partag�e entre le grossiste et le g�rant d�officine, du moins lorsqu�il s�agit d�ob�ir au circuit officiel et l�gal.
95% des pharmaciens renoncent � la vente de ces tranquillisants
Les pharmaciens d�officines qui d�plorent particuli�rement l��tiquette de �vendeurs de psychotropes� et tout ce qu�elle charrie comme connotations n�gatives qu�une majeure partie de la population leur colle d�sormais, ont lanc� un SOS jeudi dernier pour prot�ger la fonction par le biais de leur syndicat. En effet, le pr�sident du bureau d�Alger du SNAPO, Abderrahim Zemouchi, a alert� sur le danger de ce ph�nom�ne, appelant � prot�ger certains pharmaciens menac�s par les d�linquants, consommateurs de psychotropes. Il a appel� les pouvoirs publics � �trouver des solutions globales pour faire face � ces fl�aux en progression ces derni�res ann�es� et pour lequel 95% des pharmaciens, �ne vendent pas les tranquillisants qui sont d�sormais dispens�s dans les h�pitaux, alors que les psychotropes sont distribu�s dans beaucoup de pharmacies�. M. Zemouchi a relev� l�amalgame per�u dans la loi de d�cembre 2004 qui selon lui associe �aussi bien les psychotropes que les drogues�, soulignant que �le pharmacien vit actuellement dans la peur de se voir traduire devant la justice en cas de non-inscription de toutes les informations n�cessaires sur le malade qui pr�sente une ordonnance et refuse de produire une pi�ce d'identit�. Le Pr Tedjiza, chef de service de l'h�pital psychiatrique Drid-Hocine, a, de son c�t�, relev� la n�cessit� de faire la distinction entre la consommation de psychotropes �pour raisons m�dicales� qui est, selon lui, prot�g�e par la loi et au service du malade et �� d'autres fins� qu'il a qualifi�e de dangereuse pour la sant� publique. Les consommateurs de psychotropes, a-t-il poursuivi, �sont des groupes de jeunes qui tentent de s'adonner � ces produits � un moment de leur vie sans en �tre d�pendants, contrairement � la drogue qui est consomm�e pour fuir une certaine r�alit�.
La faille de la l�gislation ?
Les pharmaciens estiment qu�il est temps de prendre en consid�ration la l�gislation en vigueur, notamment la loi 04-18 promulgu�e le 25 d�cembre 2004, relative � la pr�vention et la r�pression de l�usage et du trafic illicites de stup�fiants et de substances psychotropes et de mettre en exergue l�article 16 de cette loi, qui condamne de 5 � 15 ans de prison assortie d�une amende de 500 000 DA � un million de dinars, tout pharmacien qui d�livre des m�dicaments psychotropes sur pr�sentation d�une fausse ordonnance. La question qui restait donc pos�e pour les pr�sents �tait de savoir comment reconna�tre une vraie ordonnance d�une fausse. Cependant, le dispositif l�gislatif introduit r�cemment en Alg�rie permet au juge des mineurs ou au juge d�instruction de placer les consommateurs n�ayant pas atteint l��ge adulte dans des centres de d�sintoxication. La d�tention de psychotropes pour une consommation est un d�lit qui est passible d�une peine de 2 mois � 2 ans de prison assortie d�une amende allant de 5 000 � 50 000 DA. Aussi, il a �t� question de jeunes m�decins qui prescrivent sans raison valable des psychotropes. �Il est injuste d�incriminer dans ce cas le pharmacien�, dira un pharmacien. Par ailleurs, la participation du pharmacien d�officines dans la mise en �uvre de la politique du m�dicament et la prise en compte par le minist�re de son avis, particuli�rement sur le chapitre de l�importation de m�dicaments, a �t� vivement recommand�e.
278 386 comprim�s saisis en 2006, selon la DGSN
Les services de S�ret� ont saisi durant l'ann�e 2006 pr�s de 278 386 comprim�s psychotropes de diff�rentes marques et 6580 ml de Rivotril, a d�clar� jeudi � Alger le commissaire, chef de service anti-drogue � la Direction g�n�rale de la S�ret� nationale (DGSN) M. Kamal Tazrouti. En marge de la journ�e de sensibilisation aux aspects scientifiques, l�gislatifs et sociaux des psychotropes, organis�e par le syndicat des pharmaciens du secteur priv� � Alger, M. Tazrouti a indiqu� que �103 997 comprim�s psychotropes et 2360 ml de Rivotril ont �t� saisis durant l'ann�e 2005� . Il a ajout� que les services de police arr�tent les consommateurs ill�gaux de ces produits, mais n'interviennent dans leur prescription m�dicale et leur vente par les pharmaciens qu'apr�s enqu�te et sur injonction de la justice. Les consommateurs de ces produits, a poursuivi l'officier de police, �ne sont consid�r�s comme d�linquants que dans le cas o� ils ne justifient pas d'un dossier m�dical et lorsque les produits ne sont pas port�s sur le registre du pharmacien�. Bien que certains pharmaciens, a-t-il dit, soient oblig�s de vendre ces comprim�s sous la menace ou subissent des violences de la part des consommateurs d�linquants, d'autres sont impliqu�s dans la vente de ces produits, ce qui est �une violation de la loi�. Afin de pr�venir ces fl�aux notamment en milieu des jeunes, M. Tazrouti a rappel� l'existence de la cellule d'�coute au niveau des diff�rentes unit�s de la S�ret� dirig�es par des assistantes sociales et des psychologues, outre les num�ros verts mis au service des familles dont les enfants souffrent de ces fl�aux. Il annoncera l'ouverture de 13 centres de traitement par le minist�re de la Sant� et de la Population avant la fin de cette ann�e, en plus des 5 centres existant � Blida, S�tif, Annaba, Oran et Bab-el-Oued, � Alger.
Constantine, plaque tournante ?
Le dernier coup de filet effectu� par la brigade de recherche du groupement de la Gendarmerie nationale de Constantine a mis en �vidence l�existence de r�seau de trafic � Constantine sp�cialis� dans la commercialisation illicite de psychotropes devan�ant ainsi Blida, qui a connu, elle aussi, ce genre de trafic. Il s�agit d�une grande soci�t� de distribution de m�dicaments implant�e � Constantine qui est parvenue � �couler en l�espace d�une ann�e, selon les premiers �l�ments de l�enqu�te, pas moins de 4 046 120 comprim�s de Rivotril. Le pr�judice caus� � l�administration fiscale par ce trafic a �t� �valu� � hauteur de 1,3 milliard de centimes. Ce n�est pas la seule affaire, h�las. Il y a deux ann�es, le scandale de l�Endimed a mis en �moi toute la population et les multiples interventions des brigades de la Gendarmerie nationale n�ont jamais �t� aussi r�v�latrices car, � chaque fois, il a �t� proc�d� � l�arrestation de personnes impliqu�es. Selon le commandant du groupement de la gendarmerie de Constantine, des quantit�s de comprim�s de psychotropes de plus en plus grandes sont saisies. Des pharmaciens hospitalo-universitaires attribuent l�ampleur du ph�nom�ne � l�existence de plus de 200 grossistes � travers le pays, dont 79 install�s � Constantine. Ces derniers agissent dans la majorit� des cas en toute impunit� sans ordonnanciers ni contr�le. L�est du pays est en effet qualifi� de lieu o� il y a une forte concentration de ce type d�activit� et le manque consid�rable de pharmaciens inspecteurs ne peut que faciliter la t�che aux trafiquants.
La fili�re de l�ouest
Dans le trafic de psychotropes, la bande frontali�re ouest, notamment dans la zone d�limit�e par la boucle reliant Maghnia, Marsat Ben M�hidi, Ghazaouet, Nedroma, Remchi, et Sidi Djilali, se refermant � Maghnia avec des extensions vers Tlemcen et Sebdou, est de plus en plus active selon les sources douani�res. L�essentiel des psychotropes est �coul� dans les officines pharmaceutiques pour �tre vendu � raison de 2500 DA la bo�te de 40 comprim�s. Selon des sources, le commerce de psychotropes est devenu tr�s rentable pour certains r�seaux du �trabendo�. Aux comprim�s, selon les psychologues, sont ajout�es des doses de kif pour leur donner encore plus d�effets. Les pharmacies d�officines sont au c�ur de ce trafic. Selon des pharmaciens, aux officines de Maghnia, par exemple, il n�est pas question d�y trouver du Rivotril ou du Diazepam. Les sp�cialistes mettent en �vidence l��tat de d�pendance des jeunes toxicomanes qui les poussent � une consommation journali�re, d�o� l��mergence de trafiquants de psychotropes, qui trouvent en ces jeunes d�s�uvr�s de v�ritables fournisseurs. Une fois de plus, la sonnette d�alarme est tir�e.
Saidal, indirectement li�e au trafic
Une partie non n�gligeable du trafic de psychotropes est produite dans les cha�nes de fabrication de Sa�dal. L�op�rateur public est ainsi montr� comme �tant �indirectement� impliqu� dans ce trafic qui a pris des proportions alarmantes ces derni�res ann�es. Selon un rapport publi� par le commandement g�n�ral du corps d��lite de la d�fense nationale en 2004 et qui pr�sente le Diaz�pam, commercialis� par Sa�dal sous le nom de Valz�pam, comme le plus pris� par les jeunes. Des dizaines de grossistes m�l�s de pr�s ou de loin � ce trafic et dont l�agr�ment est suspendu continuent � s�approvisionner normalement chez Sa�dal et bien qu�il existe des centres de distribution Sa�dal � Alger, Batna et Oran, des pharmaciens de l�est et de l�ouest viennent s�approvisionner � partir de l�unit� commerciale, sise � El Harrach, �d�o� des difficult�s suppl�mentaires pour les agents de contr�le�.


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