Le syndicat des pharmaciens du secteur privé d'Alger a organisé, jeudi, une journée de sensibilisation sur les aspects scientifiques, législatifs et sociaux des psychotropes. Une occasion, pour les pharmaciens, d'attirer l'attention des services concernés quant à la gravité des pressions exercées à leur encontre de la part des jeunes délinquants désirant avoir ces produits à tout prix. Pour le présidant du Syndicat national des pharmaciens du secteur privé d'Alger, M. Abderrahim Zemouchi, cette menace ne cesse de prendre de l'ampleur. Il a appelé, par là même, les pouvoirs publics à "trouver des solutions globales pour faire face à ce fléau en progression ces dernières années". Un état de fait confirmé par le commissaire Kamel Tazrouti, chef de service antidrogue à la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Celui-ci reconnaît que certains pharmaciens sont obligés de vendre ces comprimés sous la menace ou subissent des violences de la part des consommateurs délinquants. Il indiqué, cependant, que d'autres pharmaciens sont impliqués dans la vente de ces produits, ce qui est une violation de la loi. Par ailleurs, M. Zemouchi tient à différencier entre la drogue et les psychotropes. Les consommateurs de ces derniers sont, selon lui, des jeunes qui tentent de s'adonner à ces produits à un moment de leur vie sans en être dépendants, contrairement à la drogue qui est consommée pour fuir une certaine réalité. En ce sens, M. Zemouchi reproche au ministère de la Santé le fait d'intégrer dans la loi de décembre 2004, "aussi bien les psychotropes que les drogues", soulignant que "le pharmacien vit actuellement dans la peur de se voir traduire devant la justice en cas de non-inscription de toutes les informations nécessaires sur le malade qui présente une ordonnance et refuse de produire une pièce d'identité". Même son de cloche chez, le professeur Tedjiza, chef de service de l'hôpital psychiatrique Drid Hocine. Ce dernier relève, en effet, la nécessité de distinguer entre la consommation des psychotropes pour raisons médicales qui est, selon lui, protégée par la loi et au service du malade et à d'autres fins qu'il a qualifiées de dangereuses pour la santé publique. Sur le terrain, les services de sécurité mènent une guerre sans merci contre le trafic des psychotropes. Selon les chiffres avancés par M. Zemouchi, pas moins de 278 000 comprimés psychotropes de différentes marques et 6 580 ml de Rivotril ont été saisi, en 2006. Ce qui représente une augmentation par rapport à l'année passée qui a vu la saisie de 103 000 comprimés psychotropes et 2360 ml de Rivotril, selon, les chiffres de M. Zemouchi. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler l'existence d'une cellule d'écoute au niveau des différentes unités de la Sûreté nationale, dirigées par des assistantes sociales et des psychologues, outre les numéros verts mis au service des familles dont les enfants souffrent de ces fléaux. Il annoncera l'ouverture de 13 centres de traitement par le ministère de la Santé et de la Population avant la fin de cette année, en plus des 5 centres situés à Blida, Sétif, Annaba, Oran et Bab El-Oued, à Alger.