Une agence algérienne en charge de la greffe et de la transplantation va être créée prochainement. Le 4e Colloque franco-maghrébin sur la transplantation d'organes, de tissus et de cellules se tiendra aujourd'hui et demain à l'Ecole nationale de santé militaire de Aïn Naâdja (Alger). Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière souligne que le thème de cette rencontre s'articulera autour de la problématique du développement et de la pérennisation des programmes nationaux de la transplantation d'organes, de tissus et de cellules. Des experts nationaux et étrangers prendront part à ce colloque qui représente une «opportunité pour les pays du Maghreb d'évaluer l'activité de transplantation et d'analyser les étapes franchies pour mieux gérer l'avenir», souligne le ministère. Les participants échangeront leurs expériences autour de sujets divers, dont ceux relatifs aux systèmes d'encadrement du prélèvement et de la greffe, au rôle des laboratoires dans le prélèvement et la greffe, à l'accès au traitement immunosuppresseur et médicaments génériques, au développement et stratégie de conservation des tissus et des cellules et à la pérennisation de l'activité de transplantation. Pour l'Algérie, cette rencontre constituera un «moment privilégié pour mieux cerner l'organisation et les missions de la future agence algérienne en charge de la greffe et de la transplantation dont l'avant-projet de texte de création est en cours de finalisation», a-t-on relevé de même source. Il y a lieu de souligner que le don d'organes, que ce soit à partir d'un donneur vivant ou son prélèvement à partir d'un cadavre, demeure un tabou de taille dans notre société qui refuse ce genre de pratiques. En effet, les besoins sont énormes, notamment pour les malades souffrant d'insuffisance rénale chronique. La greffe constitue le seul espoir pour ces malades afin de se libérer de l'hémodialyse et de vivre normalement. Le volume actuel des transplantations réalisées à travers le territoire national est jugé «très insuffisant» par les néphrologues en raison, notamment des obstacles relatifs aux donneurs d'organes. Sur le plan religieux, l'Algérie a été le premier pays arabe à émettre une fatwa sur le don d'organes en 1985. Lorsqu'il s'agit de sauver une vie humaine, les hommes de religion sont d'accord pour le prélèvement à partir de cadavre, car la mort cérébrale a été acceptée comme définition de la mort clinique. Concernant le volet juridique, la législation algérienne, à travers la loi 85/05 relative à la santé, définit clairement le cadre réglementaire de la transplantation d'organes, à commencer par l'acceptation du donneur, de son vivant, ainsi que celle du receveur. Cette loi s'est vue renforcée davantage avec les arrêtés ministériels n°30 et 34, du 19 novembre 2002, fixant les conditions et critères permettant la constatation médicale et légale du décès et la possibilité de prélever des organes à partir de cadavres en vue de leurs transplantations. En revanche, cette loi stipule que le prélèvement d'organes ne peut se faire qu'à partir des donneurs apparentés (familiaux). Ce qui fait que le cercle des donneurs reste trop étroit face aux besoins importants de la santé publique. Une restriction juridique qui contraint certains malades à aller se faire soigner en Europe, notamment en France. Il est utile de signaler que la première greffe rénale à partir d'un cadavre a pu avoir lieu dans notre pays en 2002. En décembre de la même année, deux greffes de cornée, à partir d'un donneur cadavérique ont eu lieu à Alger.