Retour au bled pour Djamel Beghal. Condamné en 2005 à 10 ans de prison pour avoir projeté un attentat kamikaze contre l'ambassade américaine à Paris, ce Franco-Algérien pourrait être expulsé vers l'Algérie dans le courant du mois de mai prochain. Déchu de sa nationalité française, Beghal, 44 ans, fait aujourd'hui l'objet d'un arrêté ministériel qui devrait le renvoyer vers son pays d'origine. Certes, cette décision est susceptible d'appel, mais les autorités françaises pourraient passer outre. C'est que vingt islamistes ont été expulsés en 2007, quinze en 2008 et trois depuis l'année en cours, selon des chiffres révélés par le Journal du dimanche. Originaire de Bordj Bou Arréridj, Djamel Beghal est une sorte de routard du djihad. Après avoir passé trois mois de prison en France en 1994 pour appartenance à un réseau du GIA (Groupe islamique armé), il part s'installer en Angleterre, autrefois considérée comme la Mecque des islamistes. Bon orateur, belle gueule d'un acteur de ciné, Beghal est un habitué de la mosquée de Finsbury Park, l'antre du djihadisme. Il y délivre des prêches et devient recruteur pour le compte d'Al Qaïda. L'une de ses recrues est Richard Reid - l'homme aux chaussures piégées -, qui fut arrêté le 22 décembre 2001 alors qu'il tentait de faire exploser l'avion d'American Airlines assurant la liaison Paris-Miami. C'est encore à Finsbury que Beghal fait connaissance avec un certain Abou Qotada. Un personnage, celui-là. Surnommé l'ambassadeur de Ben Laden en Europe, il est l'un des plus dangereux mentors de la nébuleuse terroriste algérienne. C'est lui qui permettra à Djamel Beghal de mettre vraiment le pied à l'étrier dans le terrorisme international. Il effectue ainsi plusieurs voyages en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique avant d'atterrir en novembre 2000 dans deux camps d'entraînement en Afghanistan. Repéré par la CIA, il est dans le collimateur des services secrets américains qui expédient sa fiche détaillée auprès de plusieurs pays alliés. Bingo ! Le 22 juillet 2001, moins de deux mois avant les attentats du 11 septembre, il est arrêté à Dubaï en partance vers Paris. Il voyageait avec un faux passeport. Interrogé, Beghal avoue une attaque terroriste en préparation contre l'ambassade US à Paris. Extradé en France, il se rétracte aussitôt. Dans le bureau du juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, il avoue avoir fait des aveux circonstanciés sous la contrainte et la torture. Mais rien n'y fait. Il sera reconnu coupable et condamné. Après dix ans au mitard, il est donc expulsable vers l'Algérie. Question : une fois sur place, pourrait-il être amnistié ?